Siniéna : Alexis Bahona Soulama, un chef de village atypique.
Taquin mais ferme, voilà sous quel portrait on peut classer le chef de Siniéna, village rattaché à la commune de Banfora et situé à une dizaine de kilomètres. Ce chef traditionnel, Alexis Bahona Soulama, n’est plus à présenter dans la cité du paysan noir pour avoir dirigé la Mairie de Banfora de 2012 à 2014. Depuis quelques années, il est le chef de village de Siniéna. Au détour d’un rendez–vous ce 20 avril 2023, c’est une Majesté, détendue, très décontractée et taquin que nous avons découvert au milieu de ses administrés.
« Nous, nous sommes des chefs intellectuels, nous n’avons pas à nous complexer », aime à répéter sa Majesté Alexis Bahona Soulama. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur en géologie, il a présidé aux destinées de la commune de Banfora, entre 2012 et 2014. Son mandat ayant été écourté en 2014 par l’insurrection populaire. C’est depuis 2006 qu’il a été intronisé chef de village de Siniéna.
Wangolā avait pris rendez-vous avec cet intellectuel de haut vol pour 14h. A notre arrivée, pas de protocole. Sa Majesté est assis en face de son palais au milieu des siens. Chaleureusement, l’équipe de Wangolā est accueillie. Il montrera tout au long de notre rencontre une simplicité étonnante d’un chef traditionnel. En tout cas un chef quelque peu atypique.
Son secrétaire général, le président du CVD, le président de Makafa club, (le club cycliste de la localité), le nouveau SG du CVD, l’ancien organisateur en chef de Siniéna Tour International et bien d’autres invités constituent le staff. Sa majesté les appelle tous par leurs noms, les tapote soit à la cuisse, soit à l’épaule. Les nouveaux venus ne sont pas en reste. Ce qui a l’avantage de détendre l’atmosphère.
« Toi chaque fois que tu me vois tu ne fais que souris alors que en réalité, tu ne fais que me flatter depuis », dit-il en indexant un membre de l’équipe de Wangolā. Il va jusqu’à rappeler aux acteurs de Wangola les rendez-vous non tenus. En effet, nous lui avons toujours promis une visite de courtoisie depuis son intronisation mais nous n’avons jamais respecté notre promesse. Nous l’apprendrons à notre dépend, sa Majesté Alexis Bahona Soulama, a une mémoire d’éléphant.
Nous faisons donc profil bas, car cela remonte à des années notre promesse de venir chez sa Majesté. Mais notre rencontre se déroule dans une ambiance décontractée, sa Majesté allant jusqu’à réclamer parfois des applaudissements car juge t-il, il a bien parlé. Son entourage, sans hésiter, lui rend ses hommages par des applaudissements et des poignées de mains.
« Nous nous sommes des chefs intellectuels, nous ne nous compliquons pas la vie », répète t-il toujours taquin. « Lui-là prétend être mon papa », s’adresse t-il à un administré beaucoup plus jeune. L’Afrique et ses ramifications parentales.
Sa Majesté n’attend pas qu’on lui rende les honneurs dus à son rang, l’accueil est chaleureux. Même la femme de son petit frère n’échappe pas aux « provocations » et ces taquineries mais personne dans l’assistance ne lui réplique. Respect oblige.
A quelques mètres du chef, une vielle femme très discrète. Elle finie par se rapprocher de lui.« C’est la coépouse de ma mère », indique t-il, la servant le restant de sa bouteille. En cette veille de Ramadan, il fait venir un sac de riz de la boutique d’à côté qu’il paie rapidement. Des sachets sont demandés car ce sac de riz est prévu pour soutenir certaines familles.
C’est dans cette ambiance que vint un homme svelte. Ce dernier mettra fin à l’ambiance. En effet, copté pour des travaux, le chef se rendra compte d’une grande différence en hausse entre le prix réel du sac de ciment et celui inscrit sur le devis. La surprise est désagréable pour sa majesté qui, très remontée, menace d’annuler le contrat et faire appel à quelqu’un d’autre. Sa fermeté est sans ambages. Une médiation expresse voit le jour pour rapprocher les deux hommes. Très vite, il accepte la médiation et le tâcheron peut poursuivre les travaux. Sans vouloir trop nous retenir, il invita tous ceux qui l’entouraient à nous accompagner dans les courses pour lesquelles nous étions présents dans son village.
Wangolā.