Scolarisation des Elèves Handicapés Visuels : des enseignants et des encadreurs pédagogiques de Banfora sensibilisés
Une vue du matériel didactique de l’enseignement au braille
Les 20 et 24 novembre 2023, l’Union Nationale des Associations Burkinabé de Promotion des Aveugles et Malvoyants en collaboration avec le MENAPLN a organisé un atelier d’immersion dans la prise en charge des élèves handicapés visuels au profit d’une vingtaine d’enseignants et d’encadreurs pédagogiques de Banfora. De l’avis du formateur, Maurice OUEDRAOGO cette activité de sensibilisation vise à donner aux participants des informations sur le handicap visuel notamment la prise en charge psychosociale des EHV.
Maurice Ouédraogo
Dans le cadre de la mise en œuvre de son projet de prise en charge des enfants handicapés visuels, l’Union National des Associations Burkinabé pour la Promotion des Aveugles et Malvoyants (UN-ABPAM) a organisé un atelier d’immersion dans la situation de la personne handicapée visuelle à Banfora les 20 et 24 novembre 2023 au profit d’une vingtaine d’encadreurs pédagogiques et d’enseignants des écoles inclusives. De l’avis Maurice OUEDRAOGO, enseignant à l’UN-ABPAM, ce projet qui a été décentralisé est mis en œuvre dans les zones de Houndé et de Banfora où il a construit des classes appelées classes transitoires et spéciales dans lesquelles les enfants handicapés visuels sont reçus pour un cursus de deux à quatre ans avant d’intégrer les classes ordinaires, d’où la notion d’inclusion. Des enseignants ont été formés pour tenir les enfants handicapés visuels dans des classes dites inclusives. Pour l’UN-ABPAM, les enseignants qui n’ont pas d’élèves handicapés visuels dans leur classe méritent également d’être outillés en matière de prise en charge de ces élèves. D’où l’idée de cette formation.
Le groupe des encadreurs pédagogiques et quelques enseignants
« Nous passons souvent pour sensibiliser les autres acteurs et c’est dans ce cadre que nous sommes venus échanger avec les encadreurs pédagogiques et enseignants issus des écoles inclusives mais qui n’ont pas d’enfants handicapés visuels dans leur classe pour qu’ils comprennent la notion d’éducation inclusive pour qu’à leur tour, ils puissent accompagner les enseignants qui tiennent les classes inclusives dans la prise en charge de ces enfants à besoin spécifique. J’ai visité des classes inclusives en compagnie des encadreurs pédagogiques et nous avons suivi des leçons. A l’issue de la pratique, un entretien s’en est suivi au cours duquel nous avons échangé sur la prise en compte de l’enfant handicapé visuel dans la classe » a expliqué monsieur OUEDRAOGO qui fait noter que la session avait pour modules essentiels le suivi pédagogique, la sensibilisation des enseignants qui n’ont pas encore d’enfants handicapés visuels dans leur classe sur l’utilisation du braille qui est l’écriture des personnes handicapées visuelles, afin qu’ils sachent ce que c’est que le braille. Maurice OUEDRAOGO ajoute qu’un autre thème a porté sur la mobilité, à savoir le déplacement de la personne handicapée visuelle. A ce propos, des exercices pratiques ont permis de simuler ce déplacement. « Les participants ont de ce fait porté des bandeaux aux yeux pour se déplacer à l’aide de cannes afin de vivre la situation des personnes non voyantes et malvoyantes. Cela contribue à les sensibiliser » explique le formateur OUEDRAOGO. Des échanges autour du suivi appui ont permis aux différents acteurs de l’éducation d’avoir des informations sur ce qui est mis en œuvre dans l’accompagnement de ces enfants et jeunes handicapés visuels au niveau des structures spécialisées de prise en charge psychopédagogique.
La tablette se négocie à 16 000 F CFA de l’avis du formateur Ouédraogo
A l’entendre, la prise en charge des enfants qui vivent avec un handicap visuel est très coûteuse. A titre d’exemple, il fait noter que la machine braille Perkings qui est mécanique et qui est destinée à écrire le braille coûte entre 600 et 700 milles francs CFA. Ce qui fait qu’elle n’est pas, pour le moment, accessible aux enfants en raison de son coût très élevé. Toujours selon Maurice OUEDRAOGO, la tablette qui sert de support pour l’écriture est accompagnée du poinçon qui représente le stylo des personnes handicapées visuelles. La tablette coûte 16 000 F CFA et le poinçon 1 500 F CFA.
La machine Perking coûte entre 600 et 700 milles francs CFA
En rappel, depuis 2009 grâce à l’apport technique et financier de l’ONG Belge Sensorial Handicap Coopération (SHC) à travers la Direction Générale de la Coopération au Développement et Aide humanitaire (DGD), l’UN-ABPAM s’investit dans un processus de scolarisation des enfants et jeunes handicapés visuels. La structure faitière des associations de personnes handicapées visuelles développe cette activité avec l’accompagnement du Ministère de l’éducation nationale et de la promotion des langues nationales (MENAPLN) et le secrétariat National de l’Education Catholique (SNEC). Pour cela, les classes transitoires sont construites dans deux zones du MENAPLN (Houndé et Banfora) et six zones du SNEC (Koudougou, Gaoua, Ouahigouya, Tenkodogo, Nouna, Kaya). Les élèves sont admis dans ces classes spéciales avant d’être admis en inclusion dans les écoles ordinaires alentours. Cependant, Maurice OUEDRAOGO estime que le ministère pourrait s’impliquer davantage dans la prise en charge des élèves handicapés visuels dans la mesure où les enseignants qui tiennent les classes inclusives demandent une prise en charge spécifique. « C’est bien judicieux mais l’ONG/SHC n’a pas ces moyens. Elle met l’accent sur les enfants dont la prise en charge est déjà coûteuse. Donc si le ministère peut créer une indemnité spécifique pour ces enseignants comme c’est le cas dans certains pays, comme le Sénégal et le Niger par exemple, les plaintes allaient diminuer ». A noter qu’une séance de sensibilisation s’est tenue à Houndé à la même période avec les mêmes objectifs.
Un participant se mettant dans la peau d’une personne handicapée visuelle
Go Mamadou Traoré
Wangola Médias