Société

Tatana au secteur 15 de Banfora : les vieux du quartier n’entendent pas céder le lieu de culte

Le lieu de culte du quartier Tatana, qui se trouve sur le domaine que la permanence et qui est situé non loin de la mosquée du CERFI se trouve au centre d’une controverse. Un homme s’y est présenté comme ayant acquis la parcelle et invite les occupants actuels, dont un fils du village qui y tient une buvette, à déguerpir afin qu’il entreprenne la mise en valeur du terrain. Il se heurtera au refus des autochtones du village pour qui la parcelle en question ne devrait pas être attribuée puisqu’elle abrite les fétiches du village et sert de place publique. Face à l’intransigeance des autochtones, l’acquéreur est allé se plaindre en justice. L’occupant des lieux, du nom de Tiacoumbié Soulama y est convoqué. Le 28 août 2024, accompagné d’autres personnes ressources de Tatana, il s’entendra dire par le juge qu’il doit déguerpir dans la mesure où le plaignant dispose de documents qui attestent que la parcelle lui appartient.

Yèrèssiguè Héma, ancien délégué et ancien conseiller municipal

Dans la soirée du 28 août 2024, les responsables et coutumiers Tatana, un quartier du secteur 15 de Banfora ont rencontré la presse sur ladite parcelle. Objectif, attirer l’attention des autorités administratives sur la question de ladite parcelle qui aurait été acquise à leur insu par une tierce personne. Yèrèssiguè Héma, ancien délégué et ancien conseiller municipal de Tatana qui a accompagné Tiacoumbié Soulama à la justice dans la matinée, explique que “Si nous sommes rassemblés ici ce soir, c’est pour faire le compte-rendu de ce qui nous a été dit le matin aux vieux”. Il poursuit en faisant noter que ce site existe bien longtemps avant le lotissement qu’il a été désigné par leurs grands parents pour abriter les fétiches et servir de lieux de rencontres parce qu’à l’époque, dans tout le quartier, c’est le seul endroit où on a trouvé l’eau en forant.

Tiacoumbié Soulama a été autorisé par les vieux par tenir une buvette sur la parcelle

Il ajoute que “ même lorsqu’un de nos frère voulait réaliser un dépôt pharmaceutique avec l’aide des amis blancs, c’est cette même place qui a été indiquée et c’est ce bâtiment qui se trouve sur le terrain”. Poursuivant, Yèrèsiguè Héma explique que lorsqu’il fallait lotir Tatana, “ nous avons indiqué tous les lieux qui ne devaient pas être parcellés. Le terrain de sport, la mosquée, la place du marché ont ainsi été dégagés. Nous ne savons pas d’où est venu l’erreur de morceler ce site. Quatre parcelles avaient été dégagées et attribuées à des gens. Nous avons conduit ces attributaires chez le maire, Yacouba Sagnon à l’époque qui en son temps a trouvé une zone pour les recaser. Voilà que malgré tout, il se trouve encore une personne qui est resté sur le site.

C’est sur la parcelle que les responsables du quartier se sont réunis

Cette personne a plusieurs tenté de ventre la parcelle, en 2010 et 2020. J’ai même été approché pour aider à la vente mais j’ai toujours dit que cette parcelle ne peut pas être vendue car c’est la place du village. Malgré notre refus, l’attributaire a vendu la parcelle à quelqu’un cette année. Ce dernier est venu verser les agrégats dans l’optique de construire. Ce à quoi nous nous sommes opposés. Notre frère Tiacoumbié Soulama qui mène une activité avec notre accord a été convoqué par lui au palais de justice”. Et de conclure en disant qu’ils n’ont rien contre celui qui acheté la parcelle. Seulement, c’est à lui de comprendre que c’est un lieu de culte et c’est d’ailleurs le seul que nous avons.

Kossi Soulama implore la pitié des autorités administratives pour que le site puisse rester intact

Tout comme Yèrèssiguè Héma, le vieux Soulama Kossi, Soulama Wanfiè et Soulama Souleymane, tous deux natifs de Tatana embouchent la même trompette pour implore les autorités administratives afin qu’elles s’investissent à la résolution de ce problème. “ Pour la tranquillité de notre quartier, nous demandons aux autorités de trouver une autre parcelle à celui qui dit qu’il a acheté notre domaine. Ce sont nos géniteurs qui ont identifié cette place comme place du village. Nous y menons plusieurs activités. Et si nous y avons notre lieu de culte, ce n’est pas un fait du hasard. C’est ici que nos parents ont trouvé l’eau lorsqu’il fallait faire un forage.

Souleymane Soulama à l’extrême droite et Wanfié Soulama à l’extrême gauche

C’est ici également que nous venons en cas de problème pour implorer les dieux. Nous sommes tous Burkinabé et nous ne devons pas nous faire de tord” soutient Kossi Soulama. Soulama Wanfiè, plus radical soutient que seule la force publique les fera déguerpir. “ Nous n’allons pas abandonner ce site. Tous ceux qui se trouvaient ici avant le lotissement ont été recasés ailleurs pour préserver le site. Comment se fait-il que celui-ci soit toujours là et tout seul ? Sera-t-il d’accord que nous venions à son domicile pour adorer nos fétiches ? Je crois que non. Voilà pourquoi nous demandons aux autorités de se pencher sur cette question”.

Les fétiches se trouvant sur la parcelle

Go Mamadou TRAORE

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