Litige foncier Labola-Naniagara-TATANA : les autorités administratives suspendent les activités.

Ce 18 juillet 2025, les habitants de la zone litigieuse entre les autochtones Gouins et Karaboros, ont reçu la visite matinale des forces de sécurité venues procéder à la suspension de toutes les activités. Cette mesure restera en vigueur jusqu’à ce qu’une solution pacifique soit trouvée entre les belligérants, envisagent les autorités administratives.
Des investissements abandonnés.
Il était environ 14h ce 20 juillet 2025 lorsque l’équipe de reportage de Wangola Médias qui a décidé de constater le respect de la mesure était sur les lieux. Pas de traces de vie humaine, mais l’on est vite séduit par la taille des différentes réalisations. Sur tous les murs se trouvent des écritures et des croix en rouge. « Arrêt des travaux ZMD », peut-on lire sur plusieurs chantiers parmi lesquels des centaines d’arbres, en majorité des anacardiers, sont abattus pour faire pousser des bâtiments de terre. À la faveur de la suspension, plusieurs fondations sont à l’abandon, ainsi que des clôtures inachevées. Des maisons, pas en banco mais en matériaux définitifs à l’étape du chaînage ou pratiquement achevées avec les portails bien fixés mais sans aucune silhouette humaine.

Ce château et ces …
En effet, pas de traces de maçons ou de manœuvres à l’œuvre sur ces chantiers, la mesure de suspension des autorités est bien respectée. Mais à vrai dire, l’on est séduit par les investissements réalisés dans cette zone spontanée. Des maisons terminées attendent le déménagement prochain des propriétaires. Nous parcourons ces chantiers à perte de vue si bien qu’à un moment donné nous avons été envahis par une peur soudaine. Une forêt d’anacardiers et bien d’autres arbres donnent un aspect de forêt occupée mais fraîchement abandonnée d’où notre crainte d’une insécurité aux portes Est de la ville de Banfora.

…des maisons, …
En effet, des individus, au regard de la suspension des activités humaines sur la zone, peuvent y créer leur quartier. Malgré cette peur, nous continuons notre parcours. Ce qui nous permet de découvrir l’étendue des réalisations avec à la clé plusieurs forages sans doute pour résoudre un tant soit peu, la question de l’eau pour les familles.

…et des briques sont à l’abandon
Les origines du litige foncier entre autochtones.
Depuis bientôt 7 ans, la cohabitation tient sur un fil de rasoir entre autochtones Gouins et Karaboros. Des propriétaires terriens issus de chaque camp se réclament être les vrais propriétaires. Ainsi, de leur côté, des Gouins ont vendus des terres en y installant des demandeurs qui cherchent à se loger. Puis, à la faveur de l’insécurité, les propriétaires terriens Karaboros de Naniagara et de Labola ont voulu à leur tour installer des personnes déplacées internes (PDI) issues de leur ethnie. Ainsi naquit la mésentente qui a abouti à des violences dont essentiellement la destruction de biens. Fort heureusement l’on ne déplore pas de perte en vie humaine jusqu’à nos jours.
Plus de 560 personnes recensées au cours d’un premier recensement.
Face aux différentes positions tranchées sur la zone, un recensement des résidents a été opéré. Ce qui donnait à l’époque dans les années 2021, plus de 560 personnes. Des résidents de différentes communautés installées par les deux camps. Ces bénéficiaires, après avoir dénoué le cordon de la bourse auprès de chaque propriétaire terrien, depuis des années, ont logiquement entamé la mise en valeur des parcelles reçues. Des tiraillements naitront entre propriétaires terriens pour savoir qui sont les vrais détenteurs des terres et n’ont toujours pas trouvé une issue pour le bonheur des bénéficiaires de cette zone spontanée.
Des actions judiciaires qui attendent une issue.
De part et d’autre, des plaintes ont été enregistrées au Tribunal de grande instance de Banfora (TGI). D’abord par des autochtones Gouins qui se disent violentés et leurs biens détruits, puis par les propriétaires terriens Karaboros qui exigent de leur côté leur héritage. Une plainte pour fausse accusations est également déposée au TGI de Banfora par Lallé Lamine Sory, un transporteur bien connu et émissaire du chef de canton du Karaborola, sa majesté Maouran plus connu sous le nom de Tolé Sagnon. Tous ces différents demandeurs attendent toujours l’administration de la justice.

Le Haut-commissaire de la Comoé, Mathieu Tinguéri
Un arrêté interdisant les activités dans la zone.
C’est dans ce contexte très tendu que les autorités administratives ont pris les devants de la scène en faisant ce vendredi 18 juillet 2025, ce qu’on pourrait appeler un rappel du décret administratif qui interdisait depuis 2023 toutes activités dans la zone. Parallèlement, des concertations se déroulaient en coulisses. Ce qui favorisera de nouvelles installations par chaque camp durant 2024. Plus de 300 personnes selon nos sources. Visiblement, la situation était de nouveau tendue d’où cette sortie des autorités administratives par l’entremise du Haut-commissaire de la Comoé, Mathieu Tinguéri pour faire respecter la mesure de suspension de 2023. Pour ces autorités, cette suspension des activités a pour but de prévenir tout dérapage et trouble à l’ordre public. La préservation de la paix sociale, soutient Mathieu Tinguéri, est à la base d’une telle mesure stricte de suspension.
Quelle suite au litige foncier Labola-Naniagara-TATANA ?
Qu’adviendra-t-il après cette suspension officielle des activités dans la zone litigieuse ? Les réalisations viendront-elles à être raser ? Les résidents seront-ils définitivement interdits d’accéder à leurs investissements ? Du coté des résidents de la zone, ce sont autant de questionnements. A vrai dire, ils ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés après autant d’investissements. L’issue par eux souhaitée est qu’on leur permette de poursuivre leurs chantiers où leurs cultures.

Lallé Lamine Sory, émissaire de sa Majesté Maouran,
Selon le Haut-Commissaire Mathieu Tinguéri, le fil du dialogue est noué avec les protagonistes et l’objectif est d’aboutir à un accord de paix entre les belligérants. Selon cette autorité, seule la justice est habilitée à trancher les litiges fonciers. Le rôle de l’administration, reste de préserver la paix sociale. Ce qui a été fait avec cette suspension.
A quand l’administration de la justice ? Selon nos sources, certains propriétaires terriens optent pour une solution radicale à la traditionnelle. Celle qui consisterait à boire l’eau de la terre. Un camp des autochtones aurait déjà choisi ses « camicazes », pardon, ses volontaires terriens. Mais depuis toutes ces années, l’autre camp éviterait un tel dénouement. En attendant, Lallé Lamine Sory, émissaire de sa Majesté Maouran, acteur clé de ce litige foncier, prône l’intérêt supérieur des communautés déjà installées sur la zone. Cela pour éviter une autre crise dans la crise.
Sié Yacouba Ouattara.
Wangola Médias.