L’association les Ailes de Refuge : un enfant adopté en Belgique devient premier de sa classe.
« C’est tout à fait normal que le processus soit compliqué. Sinon on peut vous accuser de faire du trafic d’enfants. Ce qui est dangereux », se justifie-t-on à l’association « Les Ailes de Refuge » sur le placement des enfants dans les familles d’adoption. Dans ce second article, nous revenons sur le cas marquant d’un enfant abandonné. Adopté par une famille en Belgique, cet enfant est le premier de sa classe. Dramane Héma, Secrétaire Exécutif de l’association nous explique par ailleurs les procédures assez complexes pour garantir ces adoptions.
Pour Dramane Héma, c’est la satisfaction par rapport à l’enfant adopté en Belgique
Wangola Médias : Parmi ces enfants abandonnés et placés en adoption, avez-vous des cas qui vous ont marqué et que vous pouvez partager avec nous ?
Dramane Hema: Les enfants qui ont été adoptés étaient des enfants abandonnés. Je vais vous parler d’un enfant qui a été abandonné ici à Banfora. Son cas était très grave lorsqu’on l’a découvert. Il était dans un endroit où il était exposé à de graves dangers. Mais cet enfant, aujourd’hui, je suis vraiment content de le voir. Il s’exprime, ses parents adoptifs nous envoient toutes ses photos et disent que vraiment, cet enfant est un cerveau. On a souffert pour obtenir les papiers d’adoption parce que pour avoir ces papiers c’est tout un problème du fait que nous avons beaucoup de structures qui témoignent d’abord avant l’adoption de l’enfant. Elles sont témoin du début ses dossiers jusqu’à l’étape de l’adoption.
Mais aujourd’hui, cet enfant, je suis vraiment content à chaque fois. A l’école parmi ses camarades blancs, il est le premier de la classe. Un jour ces derniers lui ont demandé pourquoi toi tu es noir tandis que tes parents sont blancs ? Arrivé à la maison, il a posé la question à son papa et ce dernier lui a dit qu’effectivement, nous allons te raconter ton histoire un jour mais pour l’instant, ce n’est pas le moment de te le dire. Nous allons te revenir dans quelques jours seulement. En même temps, il a appelé le juge qui est à leur niveau qui lui a dit que normalement c’est à 18 ans qu’on doit lui parler de ça. Mais s’il commence dès maintenant à poser des questions, ce juge a appelé au niveau de Ouagadougou et eux aussi m’ont appelé pour demander ce qu’il fallait faire. J’ai dit que c’est le moment de lui dire la vérité. Essayez par exemple de prendre un bébé et vous allez cacher ce qu’il aime beaucoup. C’est-à-dire les choses qu’il aime beaucoup vous les cachez à quelque part. Quand il va manquer ces choses, il va vouloir les chercher et vous allez voir l’amour qu’il aura pour satisfaire ce besoin. Quand ils ont fait comme je l’ai recommandé, ils ont trouvé que c’était formidable et j’étais vraiment content. Aujourd’hui, nous avons pu corriger cette situation et l’enfant sait déjà son origine, il sait que les parents avec lesquels il vit l’ont adopté. En même temps, cette année, il a pris le prix de premier élève dans leur école en Belgique. L’enfant est né en 2016.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans l’accompagnement de ces enfants ?
Beaucoup de problèmes. Parce que dans un premier temps, notre programme pour les enfants abandonnés, il fallait des études très approfondies pour trouver un mécanisme à travers lequel on devait trouver des familles d’accueil et placer ensuite ces enfants. L’importance de ces familles d’accueil c’est qu’un enfant a besoin d’une maman. Au lieu de le mettre dans l’orphelinat, nous trouvons que d’autres cadres comme les familles d’accueil pour l’enfant qui a été traumatisé par l’abandon. Si on le prend et on le met encore dans un orphelinat, il va commencer à pleurer pour que quelqu’un lui vienne en aide. Pourtant, quand il est dans la famille d’accueil, à tout moment il est surveillé.
Ce sont des mécanismes à notre niveau qu’on a travaillé pour pouvoir instaurer toutes ces choses et montrer qu’un enfant vient d’une maman. Il a droit à la chaleur d’une maman et c’est pourquoi nous avons créé ces familles d’accueil.
Maintenant, les difficultés que nous avons aussi, par exemple, si on un cas, il faut aller au niveau de la santé pour pouvoir détecter quel genre d’enfant il est, quelle maladie il a et après quoi, nous allons le traiter. C’est le premier aspect avant de le placer dans la famille d’accueil. Pour que l’action sociale le place dans la famille d’accueil, c’est avec une fiche de placement. En ce moment, nous allons courir encore vers le maire qui doit nous accompagner en nous donnant un extrait de naissance de cet enfant. Il y a ensuite la police qui va mener des enquêtes pour prouver qu’on n’a pas trouver quelqu’un qui répond de l’enfant et on peut en ce moment le placer à l’adoption.
En ce moment, on va courir encore pour voir la justice pour avoir un jugement d’abandon pour pouvoir confirmer. Après cela, nous repartons voir le médecin pour avoir un certificat de bonne santé de l’enfant. C’est-à-dire que nous faisons un bilan général de santé l’enfant avant de l’adopter. Cela a des coûts mais nous essayons de faire avec.
Des familles d’accueil venues chercher le lait pour les bébés
Pourquoi le processus est aussi compliqué pour l’adoption d’un enfant qui a été abandonné ?
C’est tout à fait normal que le processus soit compliqué. Sinon on va vous dire que vous êtes en train de faire le trafic des enfants. Et c’est très dangereux. Il faut que tous ces structures soient impliquées pour que vous puissiez travailler à l’aise. Ils doivent tous fournir un document pour attester et sur la base des rapports que vous fournissez, personne ne va venir dire un jour que c’est son enfant. Puisse que la justice était là le jour de l’abandon.
Propos recueillis par Sié Yacouba Ouattara.
Wangola Médias.