Nous sommes en pleine période de chenilles de karité communément appelées Chitoumou. Ces chenilles que certaines personnes répugnent à consommer constituent pourtant un met de choix notamment dans le grand ouest du Burkina Faso où les populations attendent chaque année impatiemment la période où les premières chenilles apparaissent sur le marché. Ce qui préoccupe généralement le consommateur c’est le prix du produit dès les premiers jours. Certains sont obligés d’attendre que les prix baissent avec l’affluence de ces chenilles sur le marché pour en profiter. Mais ce qu’il est important de savoir ici c’est que du karité, l’arbre où naît la chenille, jusqu’au plat du consommateur, il y a des étapes et tout un processus.
Qu’est-ce que la chenille ?
La chenille ou Chitoumou est la larve d’un papillon qui vient pondre ses œufs sur le karité ; exclusivement sur cette espèce végétale. Quand la période de la ponte arrive en effet ce papillon vient déposer ses œufs sur les branches du karité. Toute cette période est connue par les villageois. De ces œufs pondus par centaines, vont bientôt sortir des larves qui vont commencer à se nourrir des feuilles du karité jusqu’à souvent dépouiller l’arbre de toute sa verdure. Après s’être gaver pendant quelques jours de ces feuilles, ces larves vont grossir et commencer à descendre le long du tronc de l’arbre. C’est en ce moment qu’il faut que la récolte intervienne sinon ces grosses larves bien grasses vont être perdues.
Les villageois alors vont réaliser des creux profonds tout autour de l’arbre pour en quelques sortes piéger ces larves qui ne sont plus qu’à ramasser. Après cette récolte les chenilles sont placées dans un récipient contenant du sable où elles vont se débarrasser du contenu de leur intestin pour être plus propices à la consommation. Avant de se retrouver sur la place du marché, ces chenilles sont bouillies avec du sel pour la conservation.
La période de récolte de chenilles dure quelques semaines.
La nature faisant bien les choses, malgré les millions de chenilles qui se retrouvent sur la place du marché pour les consommateurs, quelques-unes arrivent à s’échapper pour continuer le processus de transformation afin de devenir de futurs papillons qui vont venir à nouveau pondre des œufs sur le karité et ainsi offrir de nouveau ce met délicieux dont le nombre de consommateurs s’accroît au fil du temps.
La chenille bouillie peut être séchée et conservée pendant des mois. Elle est préparée en fonction du goût de chacun. Beaucoup la préfère frite, salée avec de l’oignon quand surtout c’est le début de la saison. En ce moment c’est de la chenille fraîche. D’autres la consomment volontiers en soupe surtout quand elle a été séchée. Vu le nombre croissant de consommateurs, il serait judicieux de penser à planter plus de karités sans oublier de laisser passer quelques-unes de ces chenilles généreuses entre les mailles du filet pour que ce processus qui dure sans doute depuis des siècles se déroule naturellement.
Wangolā Médias.