Interdiction de Qnet au Burkina : un ex-membre donne raison aux autorités Burkinabè.
« TGI de Banfora : un présumé acteur de Qnet risque 24 mois et 1 millions d’amende pour escroquerie », ainsi était titrée notre parution du mercredi 20 novembre 2024. Elle faisait cas d’une accusation d’escroquerie contre un membre de Qnet. Au-delà de ce fait divers, il existe assez de dérapages au nom de cette société au Burkina Faso. Si bien que cette année, les activités de Qnet ont même été interdites sur le sol burkinabè. Comment les jeunes enrôlés dans cette activité devenue suspecte aux yeux de beaucoup de Burkinabè vivent-ils cette interdiction ? Nous avons approché un des membres qui a souhaité nous parler en gardant l’anonymat.
Afin de respecter cette close, ce membre, nous le nommerons MK. Ancien de la société, il mène les activités de Qnet depuis plusieurs années. C’est en Côte d’ivoire qu’il a adhéré à la structure, nous fait-il comprendre. Ce pays, faut-il le rappeler est le premier en Afrique de l’Ouest à avoir accueilli cette société commerciale Qnet depuis les années 2008. Au début, dans ce pays, les membres étaient exclusivement des corps habillés et les fonctionnaires. La structure depuis mène légalement ses activités, nous dit MK.
Comment a-t-il pu intégrer Qnet ? C’est par le biais de son grand frère, avoue-t-il, soutenant qu’après quelques années passées en Côte d’Ivoire, notamment à Abidjan d’abord et ensuite à Yamoussokro, il est venu s’installer au pays des hommes intègres depuis 2020 pour toujours mener les mêmes activités. Pour le membre, l’activité de Qnet en elle-même est une aubaine pour une jeunesse en quête d’emploi. Mais c’est plutôt les mauvais agissements de certains de leurs collègues qui préfèrent passer par des moyens détournés comme les arnaques, les vols et autres mauvaises pratiques qui ont fini par entacher la réputation de la structure au Faso.
Sur l’interdiction de leurs activités par le gouvernement Burkinabè, MK qui est toujours membre, dit ne pas comprendre les raisons profondes de cette sentence puisqu’en décembre 2023, ils auraient ténu une assemblée générale à Ouagadougou où plusieurs centaines de membres étaient présents. Preuve pour lui qu’ils ne travaillaient pas dans le noir. « Mais vu la situation, le gouvernement a décidé que nous puissions arrêter d’abord. Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore reçu l’autorisation pour continuer », a expliqué MK qui précise que « je ne suis pas encore sorti de Qnet ».
Pour ce membre donc, il s’agit peut-être d’un défaut de communication entre les responsables de Qnet au Burkina Faso et les autorités. Mais il dit respecter le choix des dirigeants qu’il juge motivé par la recherche de l’intérêt général du peuple Burkinabè. « Si quelque chose est bonne, la première des choses est de l’exposer au gouvernement pour le rassurer que ce n’est pas quelque chose qui va créer des problèmes au pays. Je crois que c’est ce qui a manqué », dira MK qui espère la lavée de l’interdiction. En attendant les membres ont tous arrêté les activités.
Comment vivent-ils l’interdiction ? Sur cette question, « c’est un peu compliqué mais on n’y peut rien, c’est le choix du gouvernement », répond MK. « Si on voit que c’est toujours la même chose, j’ai commencé en Côte d’Ivoire, je peux me retourner encore là-bas pour continuer », projette-t-il, car a-t-il soutenu, c’est une activité qui est menée à l’international. « Avec cette interdiction c’est difficile. Nous savons que c’est un moyen pour aider les jeunes mais tout le monde ne comprend pas dans le même sens. C’est une activité qui nous nourrit et si on nous dit de l’arrêter, nous ne pouvons rien contre », dira MK.
A entendre ce dernier Qnet est une société hiérarchisée ou chaque membre a une fonction et soumis à certaines exigences pour monter en grade. En tant qu’agent commercial, MK était chargé de la vente de produits divers comme des produits de santé, de beauté et de luxe et même de moteurs. « L’activité est très facile à mener mais au fait, ce sont des membres qui le faisaient mal. On te dit que si tu viens, tu achètes un produit, tu l’utilise et si tu vois qu’il est bon, tu le commercialise avec deux partenaires d’affaires. C’est comme ça que ça évolue, il n’y a rien de compliquer », a expliqué le membre.
Mais de la manière que les gens faisaient pour commercialiser les produits c’est là-bas que résidait le problème. Comme les achats ne sont pas rapides, certains utilisent des manières qui sont bonnes mais chez d’autres elles étaient mauvaises. « D’autres même partaient faire des sacrifices et prennaient d’autres affaires pour venir les mettre dans les affaires de Qnet. D’autres même poussent l’audace et vont jusqu’à dire qu’ils sont dans les mines pourtant ils sont dans Qnet. Il faut dire simplement que tu es dans Qnet et c’est terminer. Tu montres le produit, si la personne est vraiment intéressée, elle va prendre. Si elle ne le prend pas tu continu au prochain. C’est un produit ce n’est pas tout le monde qui peut l’acheter », a poursuivi MK, pour qui, certains ont eu des diplômes mais ont préféré se débrouiller dans le Qnet.
A ce jour les grands objectifs que s’était fixé MK ne sont pas atteints, « mais la majorité des petits objectifs sont atteints », rassure le membre, preuve pour lui que l’activité leur permettait de se débrouiller dans la vie. Mais le couperet du gouvernement est tombé mettant un terme sur les ambitions de MK qui donne tout de même raison aux autorités Burkinabè. Car, « effectivement, les gens se comportaient mal dans l’activité. En voyant ces différentes choses qui se passaient, je crois que le gouvernement a agi de la bonne manière en suspendant d’abord l’activité et à chercher à voir le fond », a laissé entendre le membre qui reconnaît que la plupart des habitants se plaignaient et voulaient comprendre. « Mais il y a certains dirigeants de Qnet qui ont refusé de prendre leurs responsabilités pour approcher bien avant le gouvernement et expliquer comment les choses se passent », fait remarquer MK.
De l’avis de MK, c’est cette ignorance de la nature réelle de Qnet qui serait la véritable raison de son mauvais accueil par les populations burkinabè.
Armel Kadougofin Landry Ouattara.
Wangola Médias.