Société

Fortes pluviométries dans les Cascades : la ville de Banfora encore coupée de Bobo et de Lémouroudougou.

« C’est chaud ici, je suis au four et moulin », cette déclaration est du Directeur régional des infrastructures des Cascades, Mahamadou Ouédraogo, joint au téléphone aux environs de 16h ce 8 octobre 2024. Ces propos traduisaient la situation difficile que la région des Cascades traverse depuis la matinée de ce 8 octobre 2024. Pour la seconde fois consécutive en effet, la ville de Banfora est coupée de celle de Sya avec l’endommagement du pont de Tarfila et de Lémouroudougou où se joue un autre drame de la circulation. Les autorités régionales ont réactivé la voie de contournement qui n’est pas sans difficultés non plus. En témoigne les propos du DR des infrastructures des Cascades.

Il est 16h passées ce 8 octobre 2024. Avec les alertes et les différents communiqués des autorités régionales et celles du ministère en charge des infrastructures, Wangola Médias décide d’aller aux nouvelles. Madi Ouédraogo, directeur régional des infrastructures décroche notre appel et nous indique qu’il se trouvait sur la voie de contournement. Visiblement la situation est complexe car nos informations font état de l’embourbement de cars sur cette voie de contournement. L’équipe de Wangola décide de dépêcher un reporter. Ce qui fut fait. À la hâte puisse que le patron des infrastructures régionale des Cascades est sur le terrain, « au four et au moulin ». Au bout du fil, nous l’entendons donner des instructions certainement à ses hommes.

Tou Mogofila Ibrahim, ressortissant de Karfiguéla

Pour un constat plus ample, nous décidons donc de le retrouver sur le terrain. Pour ce faire, nous optons pour le circuit le plus court, un circuit jugé plus aisé par nous. Celui de rejoindre la voie de contournement en passant par le raccourci de Lémouroudougou au lieu de remonter par Kiribina. Mais ce fut un triste constat, notre trajet s’est terminé au pont de Lémouroudougou. Là-bas, se jouait un autre drame, conséquence des fortes pluies tombées les 7 et 8 octobre dans la région des Cascades. L’eau y a submergé le bitume. Impossible de poursuivre le trajet.

Sur les lieux, de nombreux curieux venus constater la situation où l’eau, dans sa déferlante traversée, traverse le pont dans un bruit inhabituel. En plus donc d’être coupée de la ville de Sya, la ville de Banfora est coupée de celle du village de Lémouroudougou. Impossible de poursuivre le chemin. Le drame qui se joue sur cet axe routier à Lémouroudougou, dans la commune de Banfora, semble être minime pour les autorités municipales qui communiquent peu sur la situation très critique sur la route qui mène sur ce célèbre site touristique à savoir les Cascades de Karfiguéla qui ont donné leur emblématique nom à la région.

Ce vigile a dû bravé l’eau pour pouvoir rejoindre son service dans la soirée

En effet, depuis plus d’un mois, des dégâts sont constatés sur l’axe. Le passage n’est d’ailleurs pas permis aux véhicules depuis ce temps. Seuls les usagers à pied, à vélo en moto ou en tricycles pouvaient franchir les barrières dressées. Rien n’a véritablement été entrepris depuis lors, après que l’eau a véritablement rongée le bitume.

Comme le premier blocage de la voie le 8 septembre dernier à Tarfila, les usagers sont renvoyés sur le Tronçon Kiribina-Lémouroudougou-champs de cannes-complexe sucrier pour contourner le pont de Tarfila à environ 8km de Banfora.

Les curieux étaient nombreux sur les lieux

Visiblement, à Lémouroudougou, les gens sont surpris par cette montée brusque des eaux sur l’axe car certains l’ont franchi dans la matinée peu avant 11h ce 8 septembre. C’est le cas de ce vigile téméraire que nous avons vu traversé les eaux sur environ 500 mètres. Il venait des champs de cannes à sucre. « Nous sommes là-bas nous cultivons. Je suis passé ici ce matin et l’eau n’avait pas atteint ce niveau. Je dois me rendre au service ce soir voilà pourquoi j’ai pris mon courage à deux mains pour traverser. C’est Dieu qui sauve », nous confie t-il après une traversée périeuse et risquée. Son secret, « j’ai suivi le trajet par lequel je suis passé ce matin. Mais franchement la traversée n’a pas été facile. Demain si je trouve que l’eau est comme ça, je n’oserai pas traverser » dit-il.

 Après ce cycliste, un autre spectacle s’est offert aux curieux à Lémouroudougou. Deux jeunes avec leur moto ont bravé l’eau. « Nous avons quitté le champ. Nous ne savions pas que l’eau était trop et nous avons essayé de traverser car notre maison est juste à côté », diront ces jeunes qui avouent qu’ils n’ont pas su que la route était barrée. « Nous avons cru que c’était une petite eau, nous sommes rentrés mais ce n’était pas facile », relatent-ils.  « Ce que je conseille aux gens c’est d’éviter de traverser ici », prévient un des jeunes. Notons qu’ils ont été pris à partie par la veille citoyenne de Lémouroudougou qui avait baissé la garde histoire de traverser eux-mêmes pour mesurer les risques. C’est pendant ce constat collectif que les deux jeunes sont arrivés. « Ils nous ont dit que ce que nous avons fait n’était pas bon. Nous avons reconnu notre erreur », s’excusent les deux jeunes.

Ces deux jeunes revenaient du champ et trouvé que l’eau est montée sur la chaussée

Tou Mogofila Ibrahim, ressortissant du village de Karfiguéla qui se trouvait sur les lieux, indique que dans son village l’eau a débordé ce 8 octobre 2024. « C’est vraiment du jamais vu dans l’histoire de ceux qui connaissent la localité. Cette année il y a eu assez d’eau. Et ces derniers temps l’eau a vraiment débordé. Dans le village de Karfiguéla, l’eau est rentrée dans certaines concessions », témoigne-t-il.

Depuis un mois qu’est-ce qui a été fait pour la réparation de la principale voie d’accès à Lémouroudougou et à Karfiguéla ? Les habitants de Lémouroudougou et de Karfiguéla se sont retrouvés et ont amené des pierres sauvages sur le pont situé à l’entrée de Karfiguéla. Après cette action commune des deux villages, « présentement ce sont seulement les motocyclettes qui pouvaient passer. Pour les véhicules c’est difficile », prévient ce ressortissant de Karfiguela.

Pour ce qui concerne les ponts de Lémouroudougou qui sont sur le bitume, il a été difficile pour les villageois d’intervenir, dira Tou Mogofila Ibrahim. « Les autorités avaient pris les mesures pour la barricader afin d’éviter des accidents. Je crois qu’elles attendent carrément la fin des pluies pour voir ce qu’elles peuvent faire », estime-t-il.

En attendant, le grand souhait reste que d’autres pluies ne viennent dans l’immédiat aggraver l’état des infrastructures routières dans la région.

Depuis plus d’un mois, cette barrière a été dressée suite à la dégradation de la route

Pour Siaka Sagnon, président des jeunes et du comité de veille citoyenne de Lémouroudougou, sa structure veille au grain. « Devant c’est cassé et c’est dangereux. C’est pourquoi nous sommes là. S’il y a des élèves qui veulent passer, nous allons les orienter vers le passage de Kiribina pour qu’ils rentrent dans le village », dira t-il, conseillant aux usagers de rester loin des eaux car « la voie est dégradée sous l’eau et il est impossible de passer », a prévenu Siaka Sagnon. « Nous demandons aux autorités de venir arranger la voie parce que c’est trop dangereux », a ensuite interpellé le président de la veille citoyenne de Lémouroudougou.

Sié Yacouba Ouattara.

Wangola Médias.

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