Fête de la Tabaski : pourquoi des prix vertigineux pour les moutons du sacrifice ?

Pour les fidèles musulmans, ce sont des cauchemars depuis quelques années à l’approche de la fête de Tabaski. S’octroyer son mouton de la fête, le mouton du sacrifice pour la Tabaski ou encore la fête de l’Aid El-kebir, relève désormais du miracle. Ils sont en effet nombreux ceux qui, face à la flambée des prix, n’ont pas encore pu se l’octroyer. Déjà jugés inaccessibles l’année dernière, cette année, les prix ont encore flambés. Pourquoi une telle hausse effrénée des prix ? Wangola Médias a effectué le déplacement du marché à bétail de Banfora en face de l’agence SONABEL.
Au marché à bétail de Banfora, ce n’est pas l’offre qui fait défaut. Plusieurs centaines de moutons attendent preneurs. Pourquoi un tel contraste dans les échanges commerciaux à la veille de la fête, où en principe, la disponibilité des animaux devrait influencer les prix ? Dans la logique, ces prix doivent avoir une tendance à la baisse.

Ce mouton coûte au moins 275 000 F CFA
En tout cas à quelques 48 heures de la fête, les prix n’étaient pas encore à la dégringolade pour un écoulement forcé du bétail de la fête en faveur des fidèles musulmans.
En effet, au niveau du marché à bétail de Banfora, c’est une pléiade de moutons de sacrifices de la Tabaski qui étaient en exposition, entretenus par les vendeurs, le temps de trouver un preneur. Mais en réalité, la situation n’est pas rose pour plusieurs vendeurs.

Dicko Amadou a vendu 12 moutons ce 4 juin 2025
Dicko Amadou, éleveur, y tentait sa chance. « Le marché est mitigé. Il n’y a pas de vente parce qu’en réalité, les moutons sont chers. Nous les achetons chers. Nous achetons les moutons avec des commerçants en brousse pour les revendre », a expliqué Dicko. Il ajoute que « Avant d’arriver à Banfora, les moutons passent par les mains de plusieurs acheteurs-revendeurs. Ce qui fait que pour nous qui sommes à Banfora, les prix ne peuvent que grimper. Trois ou quatre personnes achètent le même animal et chacun cherche son bénéfice avant qu’il (l’animal) ne nous parvienne. C’est cela le véritable problème », explique-t-il tout en soutenant que la majorité des moutons viennent du Mali voisin. Dans son troupeau, se trouvait un bélier qu’il soutient avoir payé à 250 000 f CFA. « Il me faut le revendre à 275 000 F ou à 280 000 f pour rentrer dans mes fonds », précise-t-il. Chez Dicko, le plus bas prix était de 70 000 f. Ce 4 juin 2025, ce vendeur se frottait les mains avec un record de 12 moutons vendus au cours la journée.

Ce sexagénaire n’est pas satisfait
« Je viens d’arriver et je n’ai encore rien vendu », a réagi Sagnon Souleymane, venu de Tiéfora avec ses moutons dans un tricycle. « Mes moutons n’ont pas tous le même prix. Il suffit que nous tombions d’accord », dira-t-il. Pourquoi la surenchère des prix cette année ? « Je ne comprends pas les raisons de la hausse des prix. Nous vendons nos animaux pour satisfaire certains besoins en achetant certaines choses. Mais ces choses sont devenues chères. Donc si tu vends tes moutons moins chers, tu ne pourras pas payer ce que tu veux acheter. Je pense que le problème se situe à ce niveau », dira le vendeur venu de Tiéfora.

Zougouri Salifou a pu se payer 4 moutons malgré la surenchère
« Honnêtement dit, pour le moment, l’année passée vaut mieux que cette année. Le marché est trop nase », explique cet autre vendeur qui a souhaité garder l’anonymat. Mais il reconnait que les prix ont assez grimpé. « Là où nous achetons, c’est cher. Il y a le déplacement et aussi le fait que beaucoup de villages ont déguerpi. Actuellement, l’élevage est gâté, le prix des moutons ne peut pas ne pas grimper », dira-t-il, relatant qu’à son niveau, il y a plusieurs prix. Son prix le plus élevé était 250 000 f tandis que le plus bas était 70 000 f.
« Je ne sais même pas ce qu’il faut vous dire. Les prix sont trop montés. Nous payons les moutons à Dori, à Fada ou à Kaya. Nous ne savons même pas à quel prix nous allons les revendre ici », se plaint ce sexagénaire, cache-nez au visage. Ses prix sont planchés entre 150 000 et 200 000 f. « C’est cher », avoue-t-il, se gardant lui aussi de se présenter.

Au marché de bétail de Banfora, ce ne sont pas les animaux qui manquent
Malgré la hausse vertigineuse des prix, Zougouri Salifou, un acheteur pas comme les autres, a pu tirer son épingle du jeu. « Cette année les prix sont chers. Ce n’est pas facile, les moutons sont chers cette année », dit-il tout en indiquant qu’il a pu s’acheter 4 moutons entre 90 000 et 110 000 f. Pourquoi, selon lui, les prix sont aussi élevés ? « Nous-mêmes nous ne savons pas pourquoi les prix sont comme ça cette année », lance-t-il, tout en accusant lui aussi la transaction entre plusieurs vendeurs.
Sié Yacouba Ouattara.
Wangola Médias.