Pour la nième fois, depuis 2019, les populations de Djongolo et de Sitiéna dans la commune de Banfora se sont mortellement affrontées. À l’origine, un conflit foncier. En effet, ce 30 août 2024, ces populations en sont arrivées au combat mortel dans la soirée aux environs de 17h, laissant encore sur le carreau un mort et plusieurs blessés. Le lendemain aux environs de 7h, un homme de 40 ans environ, a été mortellement tiré par des individus venus de Djongolo, comme pour équilibrer le nombre de morts de chaque coté.
Cette nième altercation intervenait au moment où des membres de l’exécutif Burkinabè, conduits par le ministre d’État à la Défense et des anciens combattants, le Général de Brigade Kassoum Coulibaly, prônaient à Banfora, la cohésion sociale et partant, l’union sacrée de tous les Burkinabè pour arriver à bouter l’hydre terroriste hors du Burkina Faso.
Pour avoir érigé une fourrière où ils parquaient d’une manière peu orthodoxe, de l’avis des Sitiénais, leurs animaux venus paître ou se désaltérer, les Djongolais ont provoqué le courroux de leurs voisins. Comment pouvaient-ils restés insensibles au sort de leurs animaux en fourrière où toutes les conditions ne sont pas réunies ?
Comme les deux autres précédentes crises, la question était soumise depuis quelques jours aux autorités compétentes régionales. Las de voir leurs animaux abandonnés dans la fourrière, les Sitiénais sont passés à l’action pour aller les libérer eux-mêmes. Ce qui fut fait. Mais, de cette action, l’irréparable, avec un mort du côté de Djongolo, s’est produit. Les animaux seront libérés mais les Djongolais ont voulu rendre la monnaie de la pièce. D’où cette vengeance aux environs de 7h ce 31 août 2024.
Et pourtant une source proche de ces deux villages soutenait que depuis le dernier affrontement meurtrier du 9 juin dernier, les forces de l’ordre veillaient au grain. On peut dès lors s’interroger sur la possibilité de la survenue de cet affrontement meurtrier tout en trouvant l’excuse et mettre cela sur le compte du débordement au niveau des autorités avec la présence du patron de la défense Burkinabè dans la zone qui est allé à la frontière, à Sindou dans la Léraba puis à Banfora.
Mais au-delà de l’excuse, le décompte macabre se poursuit et il va falloir l’arrêter. Le nombre de morts depuis 2019, sauf omission, doit avoir franchi la dizaine. Sans compter que certains, parmi les victimes blessées de part et d’autre, garderont à vie les stigmates sur leur corps.
Mais, la constance qu’il faudra briser après cette dizaine de morts, reste l’impunité dont jouit les auteurs, qui, certainement, sont bien connus. Des meneurs jusqu’auboutistes qui vaquent sans être inquiétés à leurs occupations quotidiennes, cela depuis 2019.
Et pourtant, dans ces villages, l’on s’offusque que jusque là, il n’y a jamais eu la moindre interpellation. Donc, pas de répressions suivies de procès. Les autorités locales, depuis le premier conflit meurtrier ont visiblement opté pour la carte de l’apaisement et partant, de la sensibilisation pour un vivre ensemble.
Conséquences, on se retrouvent avec des radicaux qui remettent continuellement en cause l’autorité de l’Etat dans la commune de Banfora, qui manipulent, organisent et tuent. Le lendemain des affrontements, chaque camp enterre ses victimes et la page est ainsi tournée laissant les familles de ces victimes et leurs proches à leur triste sort. Tant pis pour celui qui se fait tuer, est-on tenté de conclure.
Mais il faut savoir s’arrêter à un moment et regarder dans le rétroviseur afin de prendre des mesures idoines, mêmes répressives afin de mettre fin à ce décompte macabre. A défaut, le cycle infernal se poursuivra indéfiniment, catalysant les haines et les tensions au nom de cette triste réalité vitale. Celle de la recherche et la garantie de son pain quotidien à travers la possession de terres, tout en privant d’autres de leurs vies.
Wangola Médias.