Burkina Faso : Un nouveau Code des personnes et de la famille entre tradition, modernité et souveraineté.

Le Burkina Faso s’apprête à franchir un tournant décisif avec le nouveau projet de Code des personnes et de la famille. Wangolas Média vous propose dans cet article une plongée au cœur du texte, pour comprendre ses innovations, ses enjeux et ses impacts sur notre société.
L’Assemblée législative de Transition (ALT) a entamé ce lundi 1er septembre 2025 l’examen d’un texte qui pourrait redessiner en profondeur le socle social burkinabè : le projet de loi portant Code des personnes et de la famille. Avec ses 1 113 articles, répartis en trois parties, dix-sept titres et cinquante-six chapitres, le projet s’annonce comme une refondation juridique majeure.
Présidée par Dr Ousmane BOUGOUMA, la plénière s’est ouverte dans une atmosphère empreinte d’attente et de gravité. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Me Edasso Rodrigue BAYALA, a porté la voix du Gouvernement, face à 66 députés présents sur les 70 inscrits.
Un texte qui marque une rupture!
Parmi les innovations phares, plusieurs dispositions traduisent la volonté du législateur d’adapter la loi aux réalités contemporaines tout en consolidant certaines valeurs sociétales :
La nationalité par mariage désormais encadrée : fini l’acquisition automatique de la nationalité burkinabè dès l’union. Le texte introduit un mécanisme plus strict, afin d’éviter les mariages de convenance souvent suivis d’abandons douloureux.
Un âge uniforme pour le mariage fixé à 18 ans pour les deux sexes, signe d’une volonté d’alignement sur les standards internationaux en matière de protection de l’enfant.
La reconnaissance des mariages religieux et coutumiers, désormais transposables sous l’empire du Code, une avancée qui pourrait rapprocher droit écrit et réalités communautaires.
La parole donnée aux enfants : à partir de 13 ans, l’enfant pourra être entendu dans toutes les procédures le concernant, consacrant une avancée dans le respect de ses droits.
Un encadrement plus strict de la vie familiale, avec l’interdiction de la polyandrie, la possibilité d’opter pour la polygamie par accord conjoint, ou encore la réaffirmation de sanctions contre les pratiques jugées contraires à la structuration familiale, notamment l’homosexualité.

Dr Ousmane BOUGOUMA, président de l’ALT a présidé la plénière
Entre aspirations modernes et poids des traditions!
Si ce projet de loi reflète un certain souffle de modernité; majorité civile abaissée à 18 ans, égalité de l’âge au mariage, meilleure protection juridique des enfants et des femmes, il reste profondément enraciné dans une vision traditionnelle de la famille. L’interdiction de la polyandrie et la possibilité de passer de la monogamie à la polygamie, illustrent bien ce choix d’un équilibre entre ouverture et préservation des valeurs endogènes.
Dans un Burkina Faso en pleine mutation, où les influences extérieures et les aspirations de la jeunesse se confrontent aux référentiels culturels locaux, ce texte apparaît comme une tentative de conciliation. D’un côté, la volonté de se conformer aux standards internationaux, de l’autre, la détermination à préserver la souveraineté juridique et culturelle du pays.
Un pas vers l’autonomie et la souveraineté !
Au-delà des questions familiales, ce projet de Code traduit aussi une ambition politique : affirmer l’autonomie normative du Burkina Faso. À l’heure où la mondialisation impose ses standards et où les débats de société traversent les frontières, le pays affiche une volonté de tracer sa propre voie, en définissant un modèle de société conforme à son histoire et à ses aspirations.
Si le texte est adopté dans sa globalité, il pourrait devenir l’un des marqueurs législatifs les plus emblématiques de la Transition. Car derrière les articles, c’est tout un projet de société qui se dessine : celui d’un Burkina Faso qui veut protéger sa cohésion sociale, renforcer son identité et préparer les générations futures à évoluer dans un cadre juridique clair, équilibré et souverain.
Boubak KARAMA.