Société

Adama Rouamba, président de la ligue des consommateurs de la Comoé à propos de la crise de l’eau : « je souhaite que l’ONEA réalise vraiment un ouvrage définitif au niveau de Lémouroudougou »

 Elle restera sans doute gravée dans la mémoire collective de la citée du paysan noir, cette crise de l’eau que vient de vivre les Banforalais. Durant une semaine, en effet, ce fut l’errance à la recherche de la denrée précieuse. Depuis ce 5 Août 2024, la desserte en eau potable a repris et se poursuit progressivement. Quelle est la lecture que fait-on de cette crise de l’eau au niveau de la Ligue des Consommateurs section de la Comoé ? Wangola Médias à tendu son micro au responsable de cette structure, Adama Rouamba

Wangola Médias : Présentez-vous à nos lecteurs ?

Adama Rouamba : Je suis Adama Rouamba, le président de la Ligue des consommateurs section Comoé

La ville de Banfora a connu une rupture d’eau durant une semaine. Comment vous avez vécu cela et quelle est votre réaction en tant que responsable de la Ligue des consommateurs de la section Comoé ?

En tant que consommateur, il faut dire que nous avons vécu en tout cas cette rupture durement du fait qu’une grande partie de la ville de Banfora était sans eau et cela pendant plus d’une semaine. Nous avons été durement touchés parce que, en tant que premier responsable de la Ligue des consommateurs, nous nous sentions véritablement impliqués et interpelés par rapport à cette pénurie. Je dois dire que la pénurie provoquée par la rupture d’une conduite a eu lieu au moment où je n’étais pas sur place à Banfora. J’ai appelé les membres du bureau pour qu’ils suivent de près la situation. Donc j’étais informé de bout en bout de ce qui se passait et j’ai aussi été mis en contact avec l’ONEA. J’ai donc suivi un peu l’évolution de la situation jusqu’à mon arrivée. A mon arrivée, je suis allé directement sur le terrain à Lémouroudougou constater de visu les dégâts et aussi les solutions proposées par l’entreprise en charge des travaux à Lémouroudougou. Donc je suis allé pour non seulement constater mais aussi féliciter les équipes qui ont travaillé sur le terrain.

Après Lémouroudougou, je suis revenue à la Station de traitement ONEA pour constater aussi l’évolution des travaux. J’ai passé au minimum 3 jours avec eux sur le terrain pour suivre l’évolution par ce que les consommateurs étaient vraiment à bout de souffle. Donc c’est comme ça que nous avons vécu la situation et fort heureusement, tout est rentré dans l’ordre.

Comme je l’ai dit, en tant que président de la Ligue des consommateurs, je peux comprendre ce qui s’est passé mais ce n’est pas évident chez tous les consommateurs. Parce que moi j’ai vu techniquement ce qui s’est passé, comment ils ont fait pour résoudre le problème. Je pense qu’on peut dire que nous avons eu une chance que l’entreprise ait déjà réalisé une partie des travaux jusqu’à Lémouroudougou, ce qui a fait qu’on a pu faire un raccordement rapide en amont à Lémouroudougou.  Au niveau de l’incident, la conduite de l’ONEA avait cédé mais l’entreprise avait déjà posé la seconde conduite qui a permis de contourner la zone de la panne pour amener l’eau à la station de traitement de l’ONEA.

Je dois dire que s’il n’y avait pas eu cette situation, on allait souffrir davantage pour faire un raccordement là-bas parce que, dans la zone marécageuse où s’est produit la panne, la conduite principale d’exhaure de l’ONEA avait cédé et le niveau de l’eau est resté élevé toute la semaine. Aucune intervention n’était possible. Et je ne pense pas qu’au niveau de la logistique, l’ONEA même pouvait faire quelque chose si cette entreprise n’était pas là. C’est l’occasion pour moi d’abord de remercier les consommateurs pour leur patience et leur résilience. Les consommateurs ont été patients et je crois qu’on a eu une expérience comme ça en 2018. Je pense qu’à partir de cela, les consommateurs avaient déjà eu beaucoup de reflexes ce qui a fait que ces consommateurs se sont tournés vers les forages privés, les puits et ensuite les points d’eau de ravitaillement proposés par l ONEA. C’est l’occasion de dire merci à tous ces privés qui ont des forages et qui ont mis ça à la disposition des consommateurs. Je voudrais vraiment remercier ces bonnes volontés qui nous ont permis de supporter un tant soit peu cette difficulté.

Un souhait à l’endroit de l’ONEA après cette pénurie d’eau ?

Moi je souhaite est que l’ONEA réalise vraiment un ouvrage définitif au niveau de Lémouroudougou. C’est la deuxième fois déjà en moins de 6 ans que nous vivons pareille situation. Il ne faut pas qu’il y ait une troisième fois. Parce que nous, Ligue des Consommateurs, avons la possibilité de faire des propositions. Du reste, nous n’avons pas manqué l’occasion de leur faire la proposition pour dire que la conduite qui traverse le cours d’eau de Lémouroudougou doit être réaliser autrement. Parce que l’entreprise en charge des travaux nous a montré son savoir-faire là-bas. Elle nous a permis de réaliser un conduit qui supporte les courants d’eaux. Donc, il faut que l’ONEA s’adapte à cela et c’est tout le sens pour l’ONEA que sur toute la ligne jusqu’à Moussodougou, elle doit voir les points sensibles et essayer de réaliser des choses vraiment adaptées.

Adama Rouamba « Avec l’ONEA, nous pouvons travailler dans la prévention, faire des programmes de sensibilisation avec la presse sur l’utilisation rationnelle de l’eau et la gestion de l’eau »

Parce qu’après deux expériences douloureuses, on ne doit plus se faire avoir. Ensuite, je souhaite que l’ONEA mette toutes les populations à contribution et surtout les personnes ressources. Je le dis en connaissance de cause. Parce que l’eau, c’est une force naturelle et c’est aussi une force surnaturelle. Et il faut qu’on mette les personnes ressources à contribution, les vieux, surtout.

En 2018 ça s’est passé comme ça. On a mis tous les vieux à contribution et il faut que l’ONEA continue dans ce sens. C’est vrai, ce sont des services techniques mais mettez les gens à contribution. Ce n’est pas normal qu’à cette partie-là seulement on ait deux incidents majeurs comme ça. Donc, techniquement, tirer des leçons mais aussi sur le plan humain, il faut que l’ONEA renforce ses relations avec les personnes ressources pour comprendre les phénomènes et essayer de les prévenir et d’agir plus vite.

Nous souhaitons que l’ONEA communique beaucoup. Il y a beaucoup de canaux de communications. Je n’étais pas là mais j’ai reçu le communiqué de l’ONEA qui signalait des perturbations alors qu’il fallait être plus explicite. Nous voulons que les communiqués soient plus explicites. Je ne sais pas si c’était par mesure de prudence, mais il faut que le communiqué soit explicite et attire l’attention des gens pour dire que ça va être dans la durée. Si vous donnez des délais et les gens pensent que le lendemain ils vont avoir l’eau alors que ce n’est pas le cas, il y a problème. C’est bon que l’ONEA travaille à communiquer, à faire en sorte que dès que le problème se produit que la situation soit connue. Il y a la Ligue, il y a la Presse qui peuvent être mis à contribution pour relayer et expliquer. Ensuite, vous avez les bloggeurs et un certain nombre d’acteurs aujourd’hui qui sont sur le terrain. C’est bon qu’on n’ait pas peur de dire la difficulté et quand on communique la population comprend.

Parce qu’il faut dire qu’on n’est pas habitué dans la région des Cascades, particulièrement à Banfora aux ruptures d’eau. Dans la région des Cascades, vous avez Niangoloko qui souffre depuis plusieurs décennies du problème d’eau. Vous avez des villes comme ça qui souffrent mais Banfora n’est pas habitué à cela surtout certains quartiers. Mais par exemple au secteur 15, les gens sont habitués aux ruptures, aux rançonnements d’eau mais il faut qu’on communique par rapport même à la gestion de l’eau.

En tant que Ligue des consommateurs, l’ONEA peut nous accompagner et nous allons faire des émissions radios pour l’utilisation rationnelle de l’eau. Ça manque et quand on utilise l’eau de façon irrationnelle ça ne peut pas marcher. La ligue est présente partout et nous communiquons beaucoup. Mais il y a d’autres villes très rares, Ouagadougou, Koudougou, Bobo-Dioulasso où il y a des quartiers où les gens peuvent faire des mois sans l’eau. Il faut que nous à Banfora on commence à faire la sensibilisation sinon ça va être des crises et on ne va pas supporter.

Donc il faut qu’on travaille ensemble, qu’on communique à faire en sorte que les consommateurs mêmes comprennent que l’eau est une denrée très précieuse et que sa gestion incombe à tout le monde mais pas seulement à l’ONEA. Je le dis et je le répète, ce n’est pas seulement ici qu’il y a les problèmes d’eau et prévenir vaut mieux que guérir. Et avec l’ONEA, nous pouvons travailler dans la prévention, faire des programmes de sensibilisation avec la presse sur l’utilisation rationnelle de l’eau et la gestion de l’eau. Car il faut qu’elle soit potable jusqu’à la consommation. L’autre pan fait que l’eau est permanemment souillée à la maison. En enlevant l’eau du robinet à l’utilisation, vous pouvez souiller l’eau.

Un mot d’abord aux consommateurs puis sur les autorités par rapport à la gestion de cette pénurie d’eau que la ville vient de traverser ?

Je pense que les autorités ont été proactifs. Elles ont agi et tout de suite il y a eu des concertations et jusqu’au haut niveau. Je pense qu’il faut les encourager à poursuivre dans ce sens. Dès qu’il y a une situation, qu’elles soient disponibles sur place.

Mais les citernes d’eau n’ont pas été immédiatement disponibles ?

Sur cet aspect, s’il y avait eu une première communication fluide de l’ONEA, on allait comprendre l’ampleur de la chose. Et si on comprend l’ampleur de la chose, en ce moment, les autorités peuvent prendre des mesures. Mais on n’a pas mesuré l’ampleur. Vous avez suivi le premier communiqué où on a laissé croire que c’est un problème qui devait être résolu le lendemain alors que c’était un problème très grave. Donc si le problème avait été explicite, je pense que cela allait permettre aux autorités de prendre les mesures et il faut qu’on communique beaucoup à l’avenir.

Si on met en place un comité de gestion de crise de ce genre, ça va être rapidement circonscrit et tout le monde sera au même niveau d’informations. En ce moment, on peut résoudre les choses plus facilement. Mais si des éléments d’informations manquent à l’autorité, elle ne peut pas agir. Donc je pense que les autorités ont fait de leur mieux. A la ligue des consommateurs, nous ne sommes pas vindicatifs mais nous sommes une force de propositions et s’il y a des manquements, nous les signalons sans être dans la revendication. Et je propose que l’ONEA travaille en amont dans la communication et il ne faut pas attendre qu’il ait des problèmes pour communiquer. L’ONEA ne se limite pas seulement à l’eau, il y a l’assainissement. Une plage de communication dans les radios, c’est sûr que les consommateurs vont nous interpeller et on va agir en amont et cela va nous éviter les problèmes de ce genre.

Aux consommateurs, je leur demanderai de garder cette dynamique. Ils sont de plus en résilients et je voudrais tirer mon chapeau à ces consommateurs, les féliciter pour le comportement qu’ils ont eu par rapport à la crise parce qu’on n’a pas eu de débordements à ma connaissance ou des comportements de nature à saper le travail qui était en cours à l’ONEA. Les gens ont suivi les canaux qu’on leur a indiqué.

Je voudrais préciser que ce n’était pas toute la ville qui était concernée par la rupture d’eau. Il y a un bassin qui est orienté vers le secteur 4 et l’eau n’était pas en abondance mais ils n’ont pas connu la rupture d’eau. Nous on avait souhaité qu’après le secteur 4 qu’on donne à un autre secteur mais le dispositif de l’ONEA ne permettait pas de faire comme ça et c’est ce qui a fait que tous les quartiers n’ont pas eu l’eau.

Pour une région qui reçoit beaucoup d’eau de pluie toute l’année, nous devons travailler à faire en sorte que les questions d’eau potable soient vraiment une question centrale dans nos prises de décisions. Et là, j’interpelle la Direction Régionale de l’eau et l’ONEA pour qu’on travaille en synergie afin que les questions d’eau soient une priorité pour les autorités et pour nous-mêmes

Votre mot de la fin

C’est de dire félicitation aux consommateurs et aux privés qui ont permis aux gens de se ravitailler auprès de leurs forages et châteaux. Cela a aidé sinon ce n’était pas bon. On ne peut pas les citer nommément mais il y a eu la solidarité et nous avons intérêt que cette solidarité soit toujours agissante entre les populations de la région.

Propos recueillis par Sié Yacouba Ouattara.

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