Société

Prévention et résolution des conflits : des OSC des Cascades à l’école de l’AGEREF/CL.

Ce 25 Novembre 2024, s’est ouvert à la Délégation consulaire régionale des Cascades de la Chambre de Commerce et d’Industrie, un atelier de renforcement des capacités des organisations de la société civile (OSC) de la région des Cascades sur la prévention et la résolution des conflits ainsi que la promotion de la paix dans les régions frontalières du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Ghana. Prévu sur deux jours, cet atelier initié par l’association de gestion des ressources naturelles et de la faune de la Comoé-Léraba (AGEREF/CL), s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan de travail 2024-2025 du projet KAPAK visant à renforcer les capacités des OSC de la région.

Durant ces deux jours, des associations représentatives venues de Sindou (Léraba) de Niangoloko et de Banfora dans la Comoé ainsi que des leaders coutumiers et religieux vont améliorer leurs connaissances dans le domaine de la prévention et la résolution des conflits ainsi que de la promotion de la paix et de la cohésion sociale. Car, depuis quelques années, le Burkina est en proie à une crise sécuritaire après la première attaque terroriste perpétrée le 15 janvier 2016 au Café Capucino.

Mamadou Karama, Directeur Exécutif de l’AGEREF/CL

Au présidium de la cérémonie d’ouverture, se trouvaient Mamadou Karama, Directeur Exécutif de l’AGEREF/CL, le président de l’AGEREF/CL, Denis Hema, et madame Janet Adama Mohammed venue représenter l’ONG Conciliation Ressources. Pour Mamadou Karama, l’attentat du 15 janvier 2024 a basculé le Burkina dans une spirale de violence, rythmée par plusieurs attaques de groupes terroristes contre les forces de défense et de sécurité (FDS) et les populations civiles. Progressivement, cette situation d’insécurité s’est rependue sur les autres régions du pays, notamment les régions frontalières de l’Est, du Sud, du Sud-Ouest et de l’Ouest, « Au point où, selon la dernière estimation officielle, environ 30% du territoire national serait sous l’emprise des groupes armés terroristes », a rappelé Mamadou Karama.

Cette situation d’insécurité a provoqué un flux de personnes déplacées internes (PDI) au Sud et à l’Ouest du pays, notamment dans la région des Cascades. Conséquences, « Toutes les localités d’accueil sont de nos jours confrontées à des problèmes de santé, d’insécurité alimentaire, de nutrition et de déscolarisation », dira ensuite le Directeur Exécutif de l’AGEREF/CL, pour qui, en sus, on note une récurrence des conflits communautaires, « Notamment les conflits agriculteurs-éleveurs, les conflits fonciers, les conflits de succession au niveau des chefferies, les conflits liés à l’accès à l’eau ».

Madame Janet Adama Mohammed

Dans ce contexte, les services sociaux de base ne répondent plus aux besoins des communautés en raison de la destruction et de la dégradation des infrastructures par les groupes armés terroristes d’une part et d’autre part, de la faiblesse de leur capacité d’accueil due à l’afflux massif des PDI, a expliqué Mamadou Karama.

A l’entendre, afin de contribuer à renforcer la résilience des communautés affectées par l’extrémisme violent et ses effets négatifs, un consortium d’ONG constitué de Conciliation Ressources (Grande-Brétagne), Indigo (Côte d’Ivoire), Northcode (Ghana), l’Association Graine de Paix et l’Association de gestion des ressources naturelles et de la faune de la Comoé-Léraba (Burkina Faso) a mis en œuvre le projet « Initiatives de paix menées localement dans les régions transfrontalières du Burkina Faso-Côte d’Ivoire-Ghana ».

Financé par la fondation allemande Robert Bosch (Robert Bosch Stiftung), la première phase s’est déroulée du 1er Avril 2022 au 30 Mars 2024. Selon Mamadou Karama, cette phase a permis de faire une analyse participative du contexte des conflits, d’identifier les défis majeurs auxquels les communautés sont confrontées et à formuler des recommandations en vue de promouvoir des mécanismes efficaces de prévention et de résolution des conflits et de consolidation de la paix d’une part, et, d’autre part, de réaliser des actions de relance socio-économique au profit des populations affectées.

Toujours selon le Directeur Exécutif, pour consolider les acquis engrangés au cours de cette 1ère phase, le consortium, toujours avec l’appui technique et financier de la fondation Robert Bosch, a initié une seconde phase dénommée Projet KAPOK. S’inscrivant dans la continuité, ce projet sera mis en œuvre durant la période du 1er Août 2024 au 31 Octobre 2025. L’objectif global de ce projet est de renforcer la résilience des populations contre l’extrémisme violent dans les régions frontalières du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et du Ghana, tout en contribuant au renforcement de l’écosystème local de consolidation de la paix.

Une vue des participants

Le présent atelier s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du plan de travail 2024-2025 du projet KAPOK. La présentation du projet KAPOK, l’introduction à la consolidation de la paix et à l’analyse des conflits, la prévention et la résolution des conflits, sont entre autres les modules à développer. Le but reste de permettre à ces OSC conviées de renforcer leurs capacités dans la compréhension même des conflits, de leurs permettre de comprendre les causes profondes lorsqu’il y a un conflit, les causes apparentes, les acteurs en présence, leurs ressenties et ce qu’elles peuvent faire en matière de prévention et de résolution des conflits. « Ce sont des connaissances qui sont aujourd’hui importantes pour les OSC dans le contexte de la région des Cascades où nous connaissons des conflits. En plus de l’extrémisme violent, notre région n’est pas exempte de conflits communautaires », soutiendra Mamadou Karama.

Madame Janet Adama Mohammed, représentante de Conciliation Resources a présenté l’ONG ainsi que ses missions qui demeurent la consolidation de la paix depuis une dizaine d’années dans divers pays. Conciliation Resources, s’inspirant de son expérience dans de nombreux pays en conflit à travers le monde, sa représentante a indiqué être venue pour soutenir et renforcer les capacités dans la consolidation de la paix des OSC. Une grande expérience qui devra profiter à la région des Cascades car l’ONG nourrit l’ambition de continuer à appuyer les populations des zones de conflits dans la consolidation de la paix et bien d’autres projets économiques en partenariat avec l’AGEREF/CL.

Sié Yacouba Ouattara.

Wangola Médias.

L’appel du Directeur Exécutif de l’AGEREF/CL : « C’est un message de paix. C’est vrai que la vie en société, même la dent et la langue souvent se bagarrent. C’est pour dire que le conflit fait partie de la vie, c’est-à-dire que quand on vit dans la société, dans une famille, il y a souvent des conflits. Et le problème n’est pas la survenue des conflits mais c’est de voir en cas de conflit, comment avoir le recul nécessaire, la tête froide nécessaire et la sagesse nécessaire de pouvoir s’asseoir, discuter, de voir un peu la cause du conflit et ensemble trouver des solutions de compromis pour que chaque partie prenante soit gagnante. Donc, ce que nous voulons passer comme message, c’est un message de paix et de tolérance. Les conflits sont inévitables mais faisons en sorte que lorsqu’il y a des conflits que nous ayons la sagesse de nous asseoir, d’analyser et de trouver des solutions qui puissent permettre le mieux vivre ensemble ».

Propos recueillis de Sié Yacouba Ouattara.

Wangola Médias.         

Wangolā Médias

Wangolā Médias est un média numérique indépendant et impartial qui fournit des informations locales et internationales de qualité sur les Cascades et d'autres sujets d'intérêt général. Nous sommes engagés à promouvoir la liberté d'expression et la transparence, en utilisant les dernières technologies pour atteindre leur public et fournir des informations précises et opportunes. Wangolā Médias: L'info des Cascades, du Burkina et d'ailleurs

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page