Non-assistance à personne en danger et tentative d’évasion : un jeune de Yendéré risque 3 ans
Un garçon, âgé d’environ 20 ans et habitant Yendéré, ce village frontalier à la Côte D’ivoire à 15 kilomètres de Niangoloko a comparu à la barre du TGI de Banfora le 19 novembre 2024. Il était poursuivi pour non-assistance à personne en danger et tentative d’évasion. Contre lui, et pour ces deux infractions, le parquet a requis 3 ans de prison et une amende de 500 milles francs CFA le tout ferme.
Les faits remontent à juin 2021. Saisi par la police de Niangoloko qui lui présenté l’auteur, le parquet du TGI de Banfora a envoyé le dossier en instruction. Il faut en retenir que le 10 juin 2021, KZ un garçon de 20 ans environ et travaillant dans une boutique à Yendéré a été commissionné par son patron afin de livrer de la farine de blé quelque part dans le même village. Au retour, son chemin croise celui de KK, une jeune fille qui roulait à vélo dans le sens inverse. Après avoir tenté de dépasser un véhicule, le jeune garçon entre en collision avec la fille. Le choc a été d’une violence grave au point que tous deux ont perdu connaissance. Quelques instants après, KZ est introuvable sur les lieux. Informé son employeur se rend à l’endroit où l’accident s’est produit. N’ayant vu personne, il envoie un autre jeune qui conduira la moto que roulait KZ ainsi que le vélo de la fille à sa boutique. L’employeur contactera également un des amis de KZ à qui il demande de voir au CSPS du village s’il s’y trouve. Ce dernier ne verra personne de ce nom. Il lui a été demandé par le patron de poursuivre les recherches au Centre Médical de Niangoloko puis à Banfora mais point de trace de KZ. C’est alors que l’employeur prit la décision d’appeler sur le téléphone de KZ et en toute surprise, le garçon décroche et lui dit qu’il se trouvait à la maison.
Au même moment, la famille de la jeune fille apprend la nouvelle d’un accident grave. Pourtant, elle attendait impatiemment pourtant le retour de celle-ci qui avait pris le vélo de sa mère pour aller se faire masser le cou chez un rebouteur. Une pluie se préparait et la famille s’inquiétait. La mère, voulant se rassurer, appela le numéro de la fille. L’appel ne passe pas. Alors la famille lance une recherche. Entre-temps, c’est sa petite sœur qui, arrivant à la boutique où travaille KZ, a reconnu le vélo de leur mère parmi les deux engins accidentés. Elle court vite alertée la famille. Les recherches se poursuivront toute la nuit sans pour autant permettre de la retrouvée. Les gens étaient loin d’imaginer qu’elle était déjà morte. Ce n’est que le lendemain que la police est informée de la découverte d’un corps sans vie. Celui bien sûr de la jeune fille. Elle ne portait plus de pagne et son habit était surélevé laissant voir les seins. Le hic, le corps n’a pas été retrouvé sur le lieu de l’accident. Il était dans les broussailles. Alpagué par la police, KZ qui a été soupçonné d’avoir trimballé le corps dans les herbes est présenté au parquet qui décide d’ouvrir une enquête judiciaire pour viol et non-assistance à personne en danger. Et c’est pendant la période de cette enquête du juge d’instruction que KZ s’est entre-temps déclaré malade et conduit au CHR. Pendant les soins il réussit à l’aide d’une pièce de la potence de perfusion à sauter le verrou de la menotte qui le liait au lit puis tente de s’enfuir. Il est très vite rattrapé par la GSP qui le présente au parquet. KZ venait d’ajouter un autre élément aux charges qui pesaient contre lui. Celui de tentative d’évasion
A la barre, KZ qui est poursuivi pour non-assistance à personne en danger, réitère les propos qu’il a tenus en enquête de police. Selon lui, après l’accident, il a perdu connaissance. Et entre temps, un motocycliste voulait les conduire, lui et la fille au CSPS. Mais à mi-chemin, le motocycliste l’aurait descendu au motif qu’il n’a pas d’argent pour lui pour faire face aux soins. Il ajoute que le motocycliste a continué avec la fille. Acculé par les questions tant du juge que du procureur, il finit par avoué qu’aucun motocycliste n’était présent sur les lieux. C’est dire qu’après l’accident, il est rentré tout bonnement chez lui. Et le procureur de lui demander pourquoi n’a-t-il pas daigné informer la police ou les agents de santé qui n’étaient pourtant pas loin du lieu de l’accident. C’est pourquoi le procureur a demandé au juge de le maintenir dans les liens de cette prévention et de l’en déclarer coupable. En répression pour cette infraction, le procureur a demandé qu’il soit condamné à 2 ans de prison et à payer une amende de 250 milles francs le tout ferme.
Pour la tentative d’évasion, les moyens de défense du prévenu n’ont pas prospéré. Lui qui a tenté de faire croire au tribunal que la menotte s’est cassée seule et qu’en sortant de la salle d’hospitalisation, son intention n’est pas de s’enfuir mais plutôt d’aller informer l’agent GSP de ce que la menotte venait de céder. Pour cette infraction, le procureur a demandé qu’il soit condamné à 1 an de prison et à 250 milles francs CFA d’amende le tout également ferme. Avant de terminer sa réquisition, le parquet a indiqué que généralement lorsqu’un agent pénal, c’est-à-dire un prévenu, est poursuivi pour deux infractions, c’est la peine la plus lourde des deux infractions qui est retenu contre lui. Mais lorsque la deuxième infraction est une tentative d’évasion, la peine de cette nouvelle infraction s’ajoute à celle de la première selon les dispositions de la loi dans notre pays. Ce qui veut dire que si le juge suit le procureur dans sa réquisition, KZ passera en tout 3 ans en prison et payera 500 milles d’amende en tout. En attendant, le dossier a été mis en délibéré et la sentence sera connu demain 26 novembre 2024.
Go Mamadou TRAORE
Wangola Médias