Conflit foncier à Kankounandéni dans la commune de Tiéfora : des protagonistes demandent l’implication des autorités administratives
Une délégation du village de Kankounandéni a été reçue à notre rédaction le 8 juillet 2024. Elle avait à sa tête le chef de village, Sory Siélé dit Seydou et était composée du vieux Sory Yékian, un propriétaire terrien et de deux autres plus jeunes. Leur cri de cœur est d’appeler les autorités de la région et même celles au plan nationale pour qu’une solution soit trouvée au conflit foncier qui les oppose à la famille de Sory Kassouya depuis 2006.
Un conflit foncier, vieux de depuis 2006 oppose des habitants de Kankounadéni, ce village de la Comoé qui se trouve dans la commune rurale de Tiéfora. Ce conflit a connu plusieurs épisodes juridiques. Il a été jugé une première fois par le TGI de Banfora, mais suite à un appel qui a été interjeté le dossier s’est entre-temps retrouvé à la cour d’appel de Bobo-Dioulasso.
Sory Siélé dit Seydou, chef du village de kankouandéni a conduit la délégation à Banfora
En effet, c’est le 23 mai 2006 que Sory Kassouya, qui malheureusement ne vit plus de nos jours, a assigné Sory Klofoua, Sory Yékian, Sory Sibiri, Sory Salifou Poinou, Sory Gnimini, Sory Linsougou, Sory Kambia Siaka, Sory Gbantri devant le TGI de Banfora. Il leur demandait de déguerpir de son champ et de cesser tous troubles de jouissance à l’égard dudit champs. Le plaignant Sory Kassouya a remporté ce procès car le tribunal en son temps a ordonné l’expulsion des 9 personnes du champ. Selon les termes d’un document de la justice, Sory Kassouya (qui bien entendu ne vit plus) atteste que ce sont des terres que ses parents exploitaient bien avant sa naissance à lui en 1932. Les limites sont connues de ses adversaires qui malgré tout s’évertuent à l’exploiter à en donner des parties à certaines personnes.
Les 9 personnes feront appel de ce jugement le 31 août de la même année. A entendre le chef de Kankounandéni, Sory Siélé dit Seydou ce 8 juillet 2024, le dossier n’avait toujours pas encore été jugé en appel à Bobo-Dioulasso, que Adama Sory, le fils de Kassouya exhibe un document dans le village pour dire que c’est à lui qu’appartient les terres. « Nous avons joint notre avocat qui nous a dit que le dossier n’a pas encore été jugé en appel » confie, Sory Sibiri dit Ourna, un autre membre de la délégation qui ajoute que ces faits remontent en 2007. En cette année, poursuit-il, sur convocation du fils à Kassouya, ils ont entre-temps répondu à la gendarmerie. Il ajoute que depuis cette convocation de 2007, le conflit s’était relativement calmé. Cependant, en 2013 ils apprennent que Adama le fils de Kassouya dit que le dossier se trouve en cassation alors qu’eux ne sont au courant de rien. « Contacté de nouveau, notre avocat nous dira qu’il n’est au courant de rien ».
Sory Sibiri dit Ourna
Et comme la solution tardait à venir, en 2017 notre chef de village est allé exposé le problème au chef de canton Fara Lallé, le prédécesseur de Tolé Sagnon. Il lui a demandé de trouver une solution à ce conflit selon les coutumes et la tradition. Malheureusement cette option n’a pas prospéré puisqu’Adama, le fils de Kassouya, ne s’est jamais présenté aux convocations. Sory Sibiri dit Ourna ajoute que l’actuel chef de canton, Tolé Sagnon, qui avait reçu un document de la justice sur le conflit, leur a demandé de s’entendre et de trouver une issue heureuse à ce conflit qui n’a que trop duré. « Il nous a demandé de prendre l’exemple sur nos parents qui ont cohabité de façon pacifique. Cependant, lors d’une rencontre convoquée par le chef de canton, Adama a reconnu publiquement que son champ lui a été donné par les gens de Boussara. C’est ainsi que, sur la base des conclusions de cette rencontre avec le chef de canton, nous avons tous repris l’exploitation des terres jusqu’à ce qu’en 2020, de nouveau, un document est sorti pour dire que nous refusons d’exécuter une décision de justice. J’ai été mis en prison pour cela durant 6 mois » explique Sory Sibiri dit Ourna.
La superficie des terres objet du conflit est estimée à plus de 271 hectares. Le 8 juillet 2024, une délégation de quatre personnes conduite par le chef de village de Kankounandéni, Sory Siélé dit Seydou, et qui avait en son sein un des propriétaires terriens du nom de Sory Yékian, s’est présentée à notre rédaction pour implorer la clémence des autorités régionales et nationales afin qu’elles s’impliquent, chacune en ce qui la concerne pour qu’une issue heureuse soit trouvée à ce conflit qui n’a que trop duré. A les entendre, avant de se présenter à notre rédaction, ils ont été au palais de justice de Banfora où il leur a été demandé de formuler une plainte qui sera analysée. Pour les membres de cette délégation, Sory Kassouya a hérité des terres de son père, mais ce derniers les avaient demandé et obtenues des parents de Sory Siélé Yékian, le propriétaire terrien qui faisait partie de la délégation. C’était en 1932.
Une vue des membres de la délégation venue de Kankounandéni avec Sory Yékian à l’extrême gauche.
Les membres de la délégation expliquent qu’actuellement, les terres cultivables ne suffisent plus en raison de certaines contingences. « Pendant que les terroristes nous attaquent, nous ne devons entretenir des conflits entre nous » confie le chef de Kankounadéni Sory Siélé dit Seydou, qui ajoute que c’est pourquoi « J’ai rencontré le Haut-Commissaire de la Comoé, le chef du canton du Karaborola pour qu’une solution soit trouvée à ce conflit ».
Dans ce conflit, il y a eu des blessés et des pertes en vie humaine, certains protagonistes ont purgé des peines privatives de liberté.
Go Mamadou Traoré
Wangola Médias