Conflit foncier Djongolo-Sitiéna : « L’appartenance de la portion de terre en conflit, elle appartient à Sitiéna. C’est clair, j’en suis sûr », Dixit sa majesté Siaka Koné de Tengréla.
C’est un chef de canton très catégorique que nous avons trouvé ce 3 juillet 2024 dans son cantonnât à Tengréla situé à une dizaine de kilomètres de Banfora. Sa majesté Siaka Koné, sur le conflit qui oppose les villages de Sitiéna et de Djongolo dans la commune de Banfora est en effet on ne peut plus clair : La portion de terre litigieuse entre ces villages appartient à Sitiéna, tranche-t-il. Et pourtant, deux conflits ont malheureusement entrainé des morts, de nombreux blessés et des dégâts matériels. D’abord en 2019 puis récemment, ce 7 juin 2024. Sans ambages, sa majesté Siaka Koné avance ces preuves dans cet grand entretient qu’il a accordé à Wangola Médias sur ce conflit. Malgré les déférentes médiations, d’abord de l’administration puis des chefs traditionnels, visiblement, la fumée blanche de la paix tarde à sortir.
Wangola Médias : Il y à peine un mois, plus précisément le 7 juin dernier, il y a eu un affrontement entre les villages de Sitiéna et de Djongolo qui relèvent de votre canton. Cela faisait la deuxième fois que ces villages s’affrontent. En tant que chef de canton qu’en sont les raisons profondes ?
Sa majesté Siaka Koné : C’est vrai, ce conflit est là depuis 2019 avec des affrontements qui ont fait des morts. Nous avons essayé par tous les moyens pour que le conflit soit apaisé afin que la paix et la cohésion sociale revienne entre ces deux villages. Ça s’était calmé un peu et on croyait que ces villages allaient collaborer avec franchise. Mais le mois passé, le même conflit est revenu sur le même site et il y a eu encore des morts.
Présentement, nous sommes en échanges. Nous avons eu une rencontre avec le Haut-commissaire, le préfet et moi avec les responsables des deux villages afin de les écouter et les expliquer qu’il faut qu’ils cessent ces affrontements. Dans les échanges nous leur avons dit qu’ils n’ont qu’à mettre de l’eau dans leur vin pour que chacun va repartir dans son coin comme nous sommes déjà en hivernage. C’était pour qu’ils puissent commencer à produire pour avoir quelque chose à la fin de l’hivernage pour nourrir leurs familles.
Dans ces échanges, franchement dit, nous avons trouvé que Djongolo était toujours réticent pour accepter les propositions des trois parties. C’est-à-dire, l’administration, la justice et les chefs traditionnels. Nous avons senti que jusqu’à présent du coté de Djongolo, ils ne sont pas partant pour cette proposition de cohésion sociale.
Après les autorités, vous, chefs traditionnels, avez convoqué les deux parties. Djongolo avait demandé à aller revoir leur base et vous leur avez accordé 72 heures. Qu’en est-il de ces pourparlers initiés par les garants de la tradition ?
Quand nous avons fait cette rencontre pour savoir s’ils sont d’accord pour travailler côte-à-côte, la délégation de Djongolo nous a dit qu’ils ne pouvaient pas séance tenante parler au nom de l’ensemble de la population de Djongolo. Qu’ils vont repartir voir la population, poser notre problème et ce qui va ressortir, ils vont nous répondre. Nous avons donné 72h. Dans ces 72h, ils ont écrit et ils m’ont envoyé en tant que leur chef de canton. Ce qui est ressorti dans leur écrit, j’ai retrouvé des gros mots. Ils soutiennent que depuis leurs papas, le coin appartient à Djongolo et non à Sitiéna. Que leurs parents ne leur ont pas dit que ces terres appartenaient à Sitiéna et par conséquent, qu’ils ne pouvaient pas céder cette partie à Sitiéna. Ils ont dit que de toutes les manières, ils tiennent sur leur position. Que comme l’affaire est dans les mains de la justice, qu’ils attendent le verdict. Donc pour le moment, qu’ils ne pouvaient pas dire qu’ils sont d’accord pour travailler côte-à-côte, chacun dans son coin. Cela veut dire qu’ils ont refusé.
Nous avons dit que si c’est comme ça, nous allons faire notre rapport donner à l’administration. Sinon, Sitiéna avait dit qu’il n’y avait pas de problèmes. Que les champs qui sont avec les gens de Djongolo dans le territoire de Sitiéna, ils pouvaient venir les exploiter. Aussi, eux qui ont leurs champs à Djongolo, ils iront les exploiter. Mais si les gens de Djongolo disent qu’ils comptent seulement qu’avec la parole de leurs défunts papas et qu’ils tiennent à ça, on n’a pas avancé.
En tant que chef de canton, pourquoi le village de Djongolo se montrent aussi réticent ?
Pourquoi ils ne sont pas d’accord ? Je peux dire que Djongolo est entrain de masquer des choses. Si je dis masquer des choses, les gens là-bas en réalité savent que ce n’est pas leur territoire. Parce que moi, en tant que leur chef de canton, je connais les limites entre les deux villages. Pour aller travailler ensemble chacun dans son coin, c’est Djongolo qui a cherché à savoir la portion de terre disputée appartient à quel village. Ils voulaient être situés sur l’appartenance de cette terre litigieuse et une fois cela est fait, les ressortissants de l’autre village allaient maintenant négocier pour produire tout en sachant que la terre n’est pas à eux.
Si je dis qu’ils sont en train de masquer, je connais les limites et j’avais même un croquis de la zone à la rencontre. Je leur ai dis que non, si on veut vraiment connaitre l’appartenance de la portion de terre qui est en conflit, elle appartient à Sitiéna. C’est clair, j’en suis sûr. Mais Djongolo dit que la terre qui est litigieuse, depuis qu’eux sont nés trouver leurs parents sur le site, ces derniers n’ont jamais dit que la terre appartient à Sitiéna. Ils soutiennent que c’est Sitiéna qui a demandé ces terres à Djongolo. Que c’est ce que leurs parents ont dit. Mais si aujourd’hui, ils apprennent que c’est pour Sitiéna, voila pourquoi ils sont réticents.
Vous, en tant que chef de canton, vous vous basez sur quoi pour savoir que ces terres appartiennent à Sitiéna ?
Je me base sur les limites et je leurs ai montré. J’ai dit qu’à partir de telles limites en allant au coucher du soleil, c’est Djongolo et vers le lever du soleil, c’est Sitiéna. Et il y a un pont et une rivière qui traversent ces deux villages. Entre eux-mêmes, il y a des vieux à Djongolo qui le savent très bien. J’ajoute qu’il y avait un de mes papas, Perthiou Sagnon, qui avait son verger là-bas. Ce papa disait qu’il était à la limite des deux villages mais que lui-même est du côté de Djongolo. Il parlait de ces limites en disant qu’après son verger et la rivière qui les séparent, la partie litigieuse appartient à Sitiéna.
Une fois que cette vérité historique est dite, ce matin du 3 juillet 2024, vous avez reçu une délégation venue de Sitiéna. Dites-nous quelles ont été les conclusions de cette rencontre ?
Les gens de Sitiéna ont demandé un rendez-vous aujourd’hui pour me voir pour un plaidoyer toujours dans le sens de la paix entre eux. Et ce qu’ils sont venus proposer, comme ils avaient leurs champs à Djongolo où d’autres avaient même fait des constructions en étant originaires de Sitiéna, depuis que le conflit s’est déclenché, les gens de Djongolo leurs ont dit de quitter leur territoire. Ils sont partis laissant des champs, des vergers de plusieurs hectares. Ces ressortissants de Sitiéna à qui Djongolo a demandé de partir, sont plus de 21 personnes. Eux tous sont rentrés à Sitiéna et le chef a demandé la solidarité des autres habitants de leur donner des portions de terres.
La délégation de Sitiéna est donc venue me voir que comme nous les chefs traditionnelle et les autorités avions tout essayé pour la réconciliation et que Djongolo est retissent, qu’ils veulent que les champs qu’ils ont laissé à Djongolo, que les gens de Djongolo prennent ces champs. Mais en retour, ils veulent récupérer leurs champs qui sont à Sitiéna mais que des Djongolais exploitent. Ils veulent produire sur leurs terres. Car, les portions qu’on leurs a donné ne les suffisent pas. C’était pour se débrouiller et cela fait 6 ans.
Si on veut régler le problème, les Djongolais qui logent à Sitiéna peuvent continuer à loger mais ne doivent plus cultiver leurs champs de Sitiéna. Ils doivent aller cultiver à Djongolo et revenir dormir à Sitiéna sans inquiétudes. Mais ils veulent leurs terres pour se nourrir. C’est pourquoi ils sont venus ce matin pour exprimer leurs attentes.
Vous en tant que chef de canton, comment pensez-vous pouvoir gérer toutes ces divergences ?
J’ai remarqué dans les échanges que c’est Djongolo qui est toujours réticent. Ce que les habitants de Sitiéna sont venus proposer, je pense que c’est la solution. Pourquoi c’est la solution ? Les gens de Sitiéna qui étaient à Djongolo ont accepté laisser leurs champs et leurs vergers à cause du conflit pour rentrer à Sitiéna. Ma proposition aussi, c’est comme ils l’ont dit, les gens de Sitiéna qui se transforment en Djongolais, peuvent venir dormir dans leurs ménages à Sitiéna mais ils n’ont qu’a laisser les champs de Sitiéna comme les autres aussi ont laissé les champs de Djongolo. Ce serait comme en échange.
J’ai les preuves que la portion litigieuse appartient à Sitiéna. Il n’y a même pas à essayer de masquer ou de contourner. Le MCA est venu à l’époque pour réparer la route. J’ai posé la question aux gens de Djongolo qui sont réticents à savoir quand on faisait la réparation de la voie qui a traversé Ninkanclou-Sitiéna pour aller à Niankar, il y a eu des terrassements d’arbres, des rôniers, des manguiers, des champs d’anacardes et on a dédommagé les propriétaires terriens. C’est quel village on a dédommagé alors que la zone litigieuse est dans cette zone-là ? C’est bien Sitiéna qu’on a dédommagé devant eux. J’ai ensuite demandé est-ce qu’on a dédommagé un seul terrien de Djongolo ? Ils disent qu’ils reconnaissent que c’est Sitiéna qu’on a dédommagé.
J’ai répondu que du moment que vous reconnaissez que c’est Sitiéna qu’on a dédommagé, hors, la voie a traversé le même petit village que vous transformez en Djongolo, c’est bien là-bas où il y a le litige. Ils étaient coincés.
Ensuite le basfond qui a amené le conflit jusqu’en justice. J’étais sur le terrain. Ce même basfond qu’on a traversé avec la voie, appartient à Sitiéna. Avec tout ça, il y a trop de preuves qui montrent que la portion appartient à Sitiéna. Mais Djongolo est toujours réticent. Peut-être qu’ils craignent d’être déguerpis s’ils reconnaissent l’appartenance à Sitiéna alors que l’administration va savoir comment gérer tout ça. Donc ils n’ont qu’allé produire dans les champs où ils ont chassé les gens de Sitiéna et Sitiéna aussi va prendre ses champs.
Que dit l’administration après tout ça ? Les lignes de la mésentente n’ont pas bougé.
L’administration avait dit que s’il n’y a pas d’entente, le coin serait suspendu et le site va appartenir à l’Etat et s’il y a d’autres aménagements à faire, ce serait au compte de l’Etat. Même s’il y aura d’autres personnes qui vont venir de partout, elles exploiteront cette zone. Et si c’est ça qui va les arranger, en tout cas, les autorités attendent notre rapport. Mais ce que nous avons dit à l’administration, si la zone est suspendue, ça ne va rien dire à Djongolo parce qu’eux ils ont deux coins. La terre qui sera suspendue, la grosse partie c’est à Sitiéna.
Si Djongolo n’accepte pas, l’administration n’a qu’a prendre ses responsabilités mais elle ne pas suspendre le coin. Elle doit prendre ses décisions pour dire à Djongolo, fermement, comme vous ne voulez pas vous mettre ensemble avec toutes les solutions proposées, aujourd’hui nous considérons les dires et les limites que votre chef de canton à dit. Ouvertement.
En conclusion, comme chef de canton, qu’est-ce que vous dites à ces deux villages en conflit ouvert ?
D’abord, je leurs dit qu’on a assez parlé pour dire qu’ils n’ont qu’à rester ensemble comme avant. Tu as ton champ à Djongolo il faut aller si tu viens de Sitiéna. Tu as ton champ à Sitiéna et tu es ressortissant de Djongolo, il faut y aller. On a fait toutes ces tentatives mais jusqu’à présent, ils n’acceptent pas.
Donc, aujourd’hui, en tant que leur chef de canton, je me joins à la proposition de Sitiéna faite ce matin pour dire que les gens de Djongolo n’ont qu’allé produire chez eux. Car tout ce qu’on a fait, ça ne va pas. Pour dire que s’ils doivent rester ensemble, ça va être compliqué car le conflit est trop profond. Les mettre ensemble n’ira pas loin. Maintenant il faut faire comprendre à Djongolo que les gens de Sitiéna qu’ils ont chassé, ils n’ont qu’à prendre ces champs en compensation pour se nourrir.
Il y a trois jours, une délégation de Djongolo est venue me dire qu’ils ne sont pas d’accord avec ceux qui se transforment Djongololais et gâtent le nom Djongolo. Ils disent qu’ils se démarquent, qu’ils ne sont pas dedans. Je leur ai demandé s’ils étaient bien de Djongolo et ils m’ont dit qu’ils viennent du centre même du village de Djongolo. Mais que ceux qui sont en conflit, ils disent que c’est Djongolo 3. Ce sont les mêmes personnes qui ont quitté à Sitiéna pour venir s’installer là-bas. Et cette délégation a soutenu qu’au jourd’hui, eux ils venaient me dire qu’ils ne sont pas impliqués dans le conflit, qu’ils se retirent parce que le nom de Djongolo est gâté.
Dans leur relation des faits, ils ont accusé leur CVD de mettre le feu ainsi que le chef de terre. Ce dernier se fait chef de terre et il est le président du CCRV. Ils m’ont même donné le nom d’une troisième personne de les enlever de leurs postes. Il s’agit du CVD et son adjoint, le chef du village de Djongolo qu’ils ne les reconnaissent pas. Ils m’ont même montré quelqu’un de leur délégation qu’en réalité c’est lui leur chef de terre.
Je leur ai demandé d’aller faire un écrit signé et je vais remettre à l’administration. Car verbalement, on ne peut pas s’appuyer sur de tels propos. C’est pour vous dire que voilà une autre situation qui est venue du centre même du village de de Djongolo disant qu’ils ne sont pas d’avis avec Djongolo 3.
Propos recueillis par Sié Yacouba Ouattara.
Wangola Médias.