Menace de mort : une restauratrice de Banfora condamnée à 24 mois de prison dont 6 mois fermes
Le TGI de Banfora a jugé, pour menace de mort, une restauratrice de la cité du paysan noir du nom MDB le 16 avril 2024. Elle a été maintenue dans les liens de la prévention, reconnue coupable et condamnée à 24 mois de prison dont 6 fermes.
MDB, une restauratrice bien connue à Banfora a comparu à la barre du TGI de Banfora le 16 avril 2024 pour répondre des faits de menace de mort portant sur SD son ex-employé. Selon l’employé, auteur de la plainte qui a attrait MDB à la justice, les faits se sont déroulés alors que lui-même était en détention à la maison d’arrêt et de correction de Banfora où il purgeait une peine de 12 mois de prison pour avoir détourné une importante somme d’argent de sa patronne MDB, environ 11 millions de francs CFA. A l’entendre, la patronne l’a retrouvé un jour à la prison pour lui dire que comme il refuse de dire où se trouve l’argent détourné, elle fera recours aux fétiches de Fadouga puis à d’autres fétiches de la région qui pourraient l’exterminer, lui SD ainsi que tous les membres de sa famille. Il ajoute qu’elle a laissé entendre qu’elle engagera toute sa fortune s’il le faut pour retrouver son argent détourné.
Interrogée à la barre, MDB ne reconnait pas les faits sauf ceux en rapport avec les fétiches de Fadouga. Les fétiches de Fadouga, faut-il le dire, sont bien connus à Banfora comme étant efficaces dans la résolution de certains problèmes. Elle dit être allée à la maison d’arrêt pour informer SD qu’elle entendait récupérer le kiosque qu’elle avait céder à ce dernier et à l’occasion, elle lui a dit qu’au cours d’une rencontre avec le reste de son personnel, la décision a été prise de faire recours aux fétiches de Fadouga pour élucider les nombreux cas de vols qu’elle a subi dans son restaurant et qui mettent son entreprise dans une mauvaise posture. A la question du procureur de savoir pourquoi elle a tenu à prévenir SD qu’elle fera recours à des fétiches, MDB répond que c’est le principe du fétiche de Fadouga. Et il consiste à informer tous les proches afin que personne ne soit surpris. Selon elle, dans la plupart des cas, l’auteur n’attend pas et vient personnellement rendre l’objet volé. Interrogé à son tour, l’ex-employé de MDB dira que les choses ne sont pas passées ainsi. Il explique que dès que MDB est arrivée à la prison, elle a commencé à l’insulté copieusement et à lui dire qu’elle fera recours à des fétiches pour entrer en possession de l’argent qu’il lui doit. SD ajoute que son ex-patronne lui a dit que les fétiches tueront tous les membres de sa famille. Relatant toujours les faits, il ajoute que pendant qu’ils étaient assis, MDB a même creusé un petit trou au sol avec sa chaussure gauche et lui a dit que c’était sa tombe. Il termine en disant que c’est après cela qu’elle a parlé de l’objet de sa visite et qui est relatif au retrait de son kiosque. La petite sœur et le petit frère de SD qui ont comparu comme témoin ont embouché la même trompette que lui pour dire que MDB en sortant de la prison après avoir échangé avec leur frère les a croisés et leur a proféré les mêmes menaces. Tous les deux disent avoir eu une peur bleue face à de telles déclarations.
MDB était assistée par une avocate qui a demandé au plaignant s’il était obligé de recevoir la visite de MDB à la prison et d’écouter ce qu’’elle disait. Pourquoi n’avez-vous pas fait appel à la GSP sur place et c’est 9 mois après que vous venez porter plainte interroge l’avocate. Pour elle, c’est une cabale organisée par SD, sa soeur et son frère pour se venger de sa cliente qui en plus de s’être séparée de SD a retiré le kiosque qui était une source de revenue pour lui et sa petite sœur. En tout cas l’avocate estime qu’il y a un doute dans les propos du plaignant car, selon elle, en cas de menace de mort, on n’attend pas 9 mois avant de se plaindre. D’ailleurs dira-t-elle, l’infraction de menace de mort ne doit pas être retenue contre sa cliente car selon elle, pour qu’il y ait menace de mort, il faut que la menace soit adressée à une personne bien déterminée et il faut que l’issue soit effectivement la mort. Or dans ce cas, les fétiches auxquels sa cliente voulaient recours devaient se charger de retrouver le voleur parmi plusieurs personnes.
Dans ses réquisitions, le procureur a demandé au tribunal de reconnaitre MDB coupable et en répression, de la condamner à une peine d’emprisonnement de 6 mois et à 300 milles francs CFA d’amende le tout assorti de sursis, tenant compte de certaines circonstances. Après une suspension d’une bonne dizaine de minutes, le juge a rendu son verdict qui condamne MDB à 24 mois de prison dont 6 mois fermes. Elle a été également condamnée à 2 millions de francs CFA avec sursis. Le juge a aussi décerné contre elle un mandat de dépôt à l’audience.
Go Mamadou TRAORE
Wangola Médias