La scène était iconoclaste ce 19 février 2024 à Sindou dans la province de la Léraba dans un des basfonds en cours d’aménagement pour répondre à la vision de la sécurité alimentaire chère au Capitaine Ibrahim Traoré. Visiblement très remonté, le ministre en charge de l’agriculture, Ismaël Sombié n’y est pas allé du dos de la cuillère alors qu’il était venu constater l’avancée des travaux sur le chantier.
En effet, c’est un ministre qui était très fâché devant le constat qui s’offrait à ses yeux. Des travaux qui n’ont pas véritablement bougé selon les attentes de ce dernier, plus d’un mois après sa dernière visite. Il ne manque d’ailleurs pas à se faire rappeler son dernier passage qui remontait au 15 janvier dernier. Le bilan des travaux présentés par l’équipe en place en charge des travaux d’aménagement de ce basfond au ministre sont résumés par ce dernier au travail d’une journée d’un ouvrier. Le visiteur du jour déjà insatisfait de ce qu’il voyait, voulait avoir en face le premier responsable de l’entreprise en charge des travaux. Il sera encore déçu car, ce dernier n’a pas daigné effectuer le déplacement, sachant bien certainement, la visite ministérielle du jour. Que c’est bien osé, pourrait penser le visiteur de marque.
Le Commandant de l’armée Burkinabè impose même la présence de l’entrepreneur sur les lieux
Devant la situation, les injonctions du Commandant Ismaël Sombié ne se feront pas attendre. Elles sont alors fermes d’ailleurs. Il charge d’abord les ouvriers de le prévenir qu’il reviendra dans une semaine constater les travaux et il veut que ça bouge. Il ira plus loin. Pour que les travaux avancent comme il se doit, le Commandant de l’armée Burkinabè impose même la présence de l’entrepreneur sur les lieux, dans le basfond de Sindou. La police est mise à contribution, interpellée qu’elle est à veiller sur la présence de l’entrepreneur sur les lieux. Comment ? Ce dernier doit se signaler les levées et couchées du soleil à cette force publique. Comme quoi, le ministre en charge de l’agriculture a un chrono à respecter et il n’a pas affaire aux « plaisantins ».
Alors que les Burkinabè se délectaient encore de cette sortie ministérielle bien musclée dans les confins profonds très loin de la capitale à Sindou, le lendemain 20 février 2024, c’est sur un autre chantier que se révèle avec un autre ministre. Celui en charge des infrastructures et du désenclavement, Luc Adama Sorgho. Lui aussi est mécontent de l’avancée des travaux de bitumage sur la RN14, l’axe Koudougou-Sakoincé. A 3 mois de la fin des travaux, le taux de réalisation est autour de 45%. Sur une distance totale de 42 km, 23 km de bitume ont été réalisés depuis les travaux lancés il y a dix mois. Adama Luc Sorgho a donc aussi lancé un avertissement aux entreprises en charge des travaux.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces deux chantiers révèlent une certaine réalité dans l’exécution des chantiers publics. Une réalité traduite par une certaine lenteur dans l’exécution des travaux par les entreprises en charge de ces travaux au grand dam du calendrier des délais d’exécution. Même si souvent les entrepreneurs peuvent se défendre de certaines lenteurs dans les mécanismes de déblocage des finances pour le démarrage des travaux. Mais nous sommes sous une Transition. Les époques n’étant pas les mêmes, on peut estimer que ces mécanismes ont été bien huilés avant que l’on assiste à de telles sorties ministérielles courroucées. Sinon comment naturellement hausser le ton si l’on n’est pas soi-même clean ? En somme, il convient que les pratiques changent au Faso.
Adama Luc Sorgho a donc aussi lancé un avertissement aux entreprises en charge des travaux.
Pour ce faire, les membres du gouvernement semblent vouloir imprimer une dynamique. Celle d’acculer ces entrepreneurs laxistes. Le peuple veut des résultats et chacun se doit, à son niveau, effectuer sa part de responsabilité avec diligence et rigueur. En réalité, que pouvait-on attendre de ces ministres si ce n’est une pression sur les entrepreneurs ? Eux qui sont soumis aux évaluations annuelles et qui viennent d’ailleurs d’être soumis au scanner sur leurs lettres de missions par la Primature. Etant désormais attendus aux résultats, des ministres n’entendent plus badiner. Comme le dit le reggae man ivoirien Alpha Blondy, lorsque le tonner gronde, chacun prend sa tête. Le printemps des ministres contre les entrepreneurs laxistes alors ? Attendons de voir.
Wangola Médias.