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Veille citoyenne : SOS pour le comité de Banfora.

Oh15mn ce vendredi 22 décembre 2023. La moitié de la ville est dans les bras Morphée. Seuls quelques noctambules empruntent encore quelques rues éclairées de la cité du paysan noir. Ils sont rares et la circulation est fluide, du reste, parsemée. Nous empruntons la Route Nationale n°7 (RN7) sur la direction de Bobo-Dioulasso et bifurquâmes sur la route menant à la morgue. Des jeunes, comme cela se passe au village, sont réunis autour d’un feu alimenté par des troncs d’arbres en face du Stade de Banfora. Un froid Sibérien dictait sa loi à cette heure de la nuit. Lorsque que nous demandâmes à voir le responsable, l’on nous réplique qu’il va arriver d’un instant à l’autre. En effet ce dernier ne mit pas du temps et arriva avec un camarade les bras chargés de la « matière première » de la résistance, à savoir le bois de chauffe. Lui c’est Igor Dabiré, secrétaire général du mouvement Burkina Remparts, section des Cascades. « Nous sommes réunis ce soir avec les camarades patriotes pour animer le comité de veille citoyenne de Banfora » nous lâchera t-il. Ils y sont depuis une semaine déjà.

Igor Dabiré, SG de Burkina Rempart invite la population de Banfora à s’organiser et à sortir massivement pour la vielle citoyenne

Quelles sont les raisons de votre présence tardive ici malgré le froid ?

Cela fait une semaine bientôt que nous sommes ici. Depuis le vendredi 19 décembre 2023 passé nous avons commencé la veille citoyenne à Banfora. Et depuis lors, nous n’avons manqué aucun jour. Chaque fois nous sommes là et nous nous quittons autour de 2h ou 2h30mn. Pour le moment, nous espérons que dans les jours à venir nous allons pouvoir atteindre l’aube ici.

Pourquoi c’est ici vous avez choisi d’installer votre quartier général et non ailleurs ?

Nous avons longuement réfléchi sur le site approprié pour cette veille citoyenne. Nous avions identifié un certain nombre de sites à savoir la place de la nation et également devant la pharmacie Nadon. Mais en échangeant avec des personnes averties, et même la sécurité, elles nous ont dit que la place de la Nation est un peu isolée. Une veille c’est avoir l’œil sur ce qui se passe, de savoir qui rentre, qui sort. Donc le lieu idéal que nous avons pu retenir c’est en face du stade de Banfora qui est une voie internationale qui permet de voir effectivement les usagers qui rentrent et qui sortent de la ville. Et cela fait 7 jours que nous sommes là.

Quel bilan dressez-vous une semaine après ?

Le bilan est satisfaisant d’autant plus que nous avons des encouragements. Les gens passent et nous encouragent moralement. Certains nous ont déjà soutenu avec du thé, un peu d’eau. Hier nous avons même reçu du pain d’un camarade patriote qui nous a encouragé. Certains aussi nous soutiennent physiquement en marquant leur présence. Donc le bilan est déjà satisfaisant.

En une semaine déjà, votre comité de veille citoyenne a découvert quoi ?

Les forces de défense et de sécurité travaillent sans relâche. Parce qu’elles sont passées à plusieurs reprises ici. Nous avons déjà remarqué une certaine quiétude au niveau des populations.

Vous n’êtes pas assez nombreux alors que l’union fait la force. Pourquoi une telle situation?

Les débuts sont toujours difficiles. Vous constatez ces derniers temps la forte fraîcheur qui règne. Donc ce n’est pas toujours évident, certains qui étaient ici sont déjà rentrés. Hier nous étions une vingtaine mais aujourd’hui ils ne sont pas sortis. C’est dire que ce n’est pas toujours évident que nous ayons la totalité de nos militants tous les jours. C’est déjà bon de marquer la veille citoyenne, les uns et les autres pourront venir rejoindre les rangs et s’ils ne peuvent pas tenir, d’autres personnes viendront aussi prendre le relais.

A la capitale la veille citoyenne est là depuis le début de la Transition du Capitaine Ibrahim Traoré. Pourquoi c’est à peine une semaine que vous avez commencé ici ?

Toutes les régions sont un peu différentes. Sur la position de Banfora on a travaillé à échanger et nous avons toujours eu un problème de calendrier. Déjà nous avons forcé pour être là parce qu’on ne peut pas attendre tous les moyens pour commencer. Au départ nous avons commencé avec deux, trois personnes et au fur et à mesure, les rangs s’agrandissent. Donc c’est déjà satisfaisant et nous voulons aller plus que Ouagadougou. Quand on prend Ouagadougou par rapport à la taille même, ce n’est pas pareil. Ouagadougou est peut-être 5 fois plus grand que Banfora et il y a une forte population. C’est la capitale donc ce n’est pas forcément les mêmes réalités. Néanmoins, l’important c’était de commencer et je pense que les gens vont rejoindre les rangs. Vous êtes là ce soir dans ce même sens. Vous êtes journaliste, je pense que vous allez relayer l’information et les gens vont rejoindre les rangs.

Quel message avez-vous aux jeunes de Banfora pour cette question de veille citoyenne ?

L’union fait la force, c’est ensemble que nous irons loin. Seul on va vite mais ensemble nous irons loin.  Je lancer un appel à toute la jeunesse, à toute la population de Banfora, ceux qui se sentent capables de rejoindre les rangs. Parce que ici, c’est le QG mais l’objectif n’est pas de rester ici seulement. C’est de faire le maillage de toute la ville, installer des comités de veille citoyenne dans les quartiers et même au-delà de Banfora dans les villages. Donc tous sont appelés sans distinction d’association. Tout le monde est là bienvenue ici.

Que pensez vous de la politique menée par le Capitaine Ibrahim Traoré, Président de la Transition ?

Depuis sa prise de pouvoir le 30 septembre 2022 jusque là nous n’avons pas encore été déçus. Nous sommes très satisfaits de la gestion du pouvoir. Il a fait des choses que depuis 30, 50 ans les gens n’ont pas osé faire. Nous voulons pour preuve la dénonciation des accords sur la non double imposition. On a aussi vu aujourd’hui avec l’avènement de l’actionnariat populaire l’engouement que cela a suscité ainsi les acquis sur plan sécuritaire. Donc aujourd’hui nous sommes passés à l’offensive, on ne s’assoit plus pour qu’on vienne nous attaquer et repartir impunément. Il y a beaucoup de satisfaction. Nous avons vu des villages qui ont été relogés, des PDI qui ont regagné leur zone d’origine. Nous sommes satisfaits. Peut être que ce que nos papas n’ont pas fait nous n’allons pas rester les bras croisés. Nous allons défendre notre Transition vaille que vaille.

Qui vous finance ce bois pour vous permettre de tenir face au froid ?

Quand vous êtes arrivés vous avez trouvé que nous étions absents pour aller chercher un peu de bois pour revenir. Vous voyez le bois que nous avons acheté ce n’est pas un grand tas. C’est juste quelques bois. Nous achetons de nos poches. Comme je vous l’ai déjà dit, des bonnes volontés sont passées. Il y a une bonne volonté qui est passée hier et qui nous a remis 5000f. Cela nous permet d’acheter du thé, un peu de bois. On ne refuse pas de soutien. Ces bancs que vous voyez ici ont été loués pour un temps. Peut-être d’ici là d’autres bonnes volontés vont aussi nous donner d’autres bancs, pourquoi pas aussi des nattes, du thé. C’est un peu cela la question de la veille citoyenne, tout le monde est concerné. Même de l’eau nous en avons besoin.

Votre cri de cœur face aux difficultés rencontrées ?

Notre cri de cœur c’est le froid. C’est une période assez difficile, raison pour laquelle les rangs ne sont pas encore étoffés. Les autres difficultés, c’est le manque de matériel. Vous voyez que nous n’avons pas assez de bois. Il faut caracoler pour maintenir le feu pour que les gens puissent se réchauffer. Notre appareil de musique aussi ne tient pas. Pourtant la musique aussi permet d’animer. Voilà autant de difficultés mais nous n’allons pas baisser les bras. Nous allons continuer.

Votre appel à la mobilisation aux jeunes de Banfora ?

Que tout le monde sorte. Ceux qui sont capables de sortir on va s’organiser pour faire des permanences comme je le disais tantôt, faire le maillage de la ville pour plus d’efficacité. La veille citoyenne a plusieurs objectifs. Sur le plan sécuritaire il faut veiller pour remarquer les personnes suspectes qui rentrent. Nous ne fouillons pas les véhicules mais si nous sentons des cas suspects nous savons qui toucher, qui alerter pour qu’il puisse prendre les dispositions nécessaires parce que les FDS ne peuvent pas être partout. Même si elles font un travail énorme elles ne peuvent pas être partout. Nous aussi c’est notre rôle, notre contribution.

Comment peut-on conclure cet entretien ?

Nous disons merci à Wangola Médias de s’être déplacé sur le lieu de la veille citoyenne. Ce n’est pas facile en ce temps de froid mais vous avez bien voulu être là pour recueillir notre avis. Nous vous remercions et lançons aussi un appel aux autres médias. Chacun a sa contribution à apporter et j’ose espérer que ces questions seront relayées afin que certaines personnes qui ne sont pas encore au courant sachent d’avantage que nous sommes là et qu’elles peuvent rejoindre nos rangs.

Sié Yacouba Ouattara,

Wangola Médias.

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