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Canton de Bounouna dans la commune de Banfora : Une intronisation interdite par les autorités municipales.

A travers des communiqués radiodiffusés, le chef de village de Bounouna, secteur n°9 de Banfora invitait la population à l’intronisation d’un nouveau chef de canton ce 5 décembre 2023. En réaction, le président de la délégation spéciale (PDS) de Banfora, Yacouba Barro a suspendu cette intronisation, évitant du même coup pour le moment, un bicéphalisme au sommet du canton de Bounouna.

L’annonce aura fait grand bruit dans la cité du paysan noir, d’autant plus qu’à Bounouna, le chef de canton, sa Majesté Sakoulba Brahima Soma , est toujours vivant. La tradition, c’est que l’intronisation, synonyme de la succession d’un chef, fut-elle chef de canton ou chef de village, est toujours consécutive à une disparition. Au canton de Bounouna, qui regroupe les villages de Lemouroudougou, Nafona et Bounouna, Sakoulba Brahima Soma est bien vivant. Alors, pourquoi une telle tournure des choses dans le canton ? Un nouveau chef de canton intronisé de surcroît chez le chef de village sensé être son subalterne ?

Autant de questions qui ont amené à des réactions. D’abord, chez les autorités municipales, puis chez l’association des chefs coutumiers de la région des Cascades. Disons-le, la tendance au canton de Bounouna était un bicéphalisme. Cela après la situation que vit le canton de Banfora avec deux chefs de canton intronisés. Visiblement, les autorités municipales n’ont pas voulu une intronisation aboutissant à un bicéphalisme bis. La réaction du PDS a été donc sans ambiguïté. « Le président de la délégation spéciale de Banfora communique : en raison des risques imminents d’atteinte à l’ordre public liés à la cérémonie d’intronisation du nouveau chef de canton de Bounouna, prévue pour le lundi 5 descendre 2023 à 14h30mn, ladite intronisation, ainsi que toute activité entrant dans ce cadre sont suspendues jusqu’à nouvelle ordre », a réagi le PDS, Yacouba Barro dans un communiqué daté du 2 décembre 2023. Ainsi, le PDS qui entendait éviter d’éventuels désagréments, invitait les populations à se démarquer de toute mobilisation.

Sakoulba Brahima Soma

Cette velléité d’intronisation d’un nouveau chef de canton à Bounouna n’a pas laissé indifférent le président du Conseil Régional des Chefs Coutumiers et Traditionnels des Cascades ( CRCRT/Cas). Rappelant que l’organisation de la chefferie coutumière et traditionnelle des Cascades est régie par des textes légaux avec pour mission principale la promotion de la cohésion sociale et la paix dans les Cascades, les responsables coutumiers mettaient également en garde toute personne qui mettrait en péril ses valeurs sociales au sein des communautés. Par conséquent, « le conseil régional des chefs traditionnels des Cascades dont le canton de Bounouna est membre, ne reconnaît pas cette forfaiture d’élection de Koné Lamoussa comme chef de canton », précise le communiqué qui est on ne peut plus clair. « Sa Majesté Sakoulba Brahima Soma demeure le chef de canton de Bounouna et siège à toutes les instances en cette qualité », préviennent les chefs coutumiers des Cascades.

Autant de tirs de barrage face à une intronisation. Du reste, les initiateurs de cette intronisation ont pris la mesure de ces réactions. En effet, joint au téléphone, Lamoussa Koné, a indiqué que sa cérémonie d’intronisation était reportée à une date ultérieure par le PDS sans une quelconque précision de date sur la reprise de cette intronisation rocambolesque. Visiblement dans le camp Lamoussa Koné, les choses ne sont pas définitivement classées.

Koné Lamoussa

Pour Sakoulba Brahima Soma, actuel chef de canton de Bounouna, c’est une manœuvre bizarre. Car c’est lui qui a installé l’actuel chef de village chez qui devait se dérouler la cérémonie d’intronisation de son challenger, Lamoussa Koné. Comment donc comprendre qu’un chef de canton soit intronisé chez un chef de village ? Sa Majesté Brahima Soma s’interroge.

Question lancinante, pourquoi de son vivant, l’on veuille lui trouver un remplaçant ? Sa Majesté Sakoulba Brahima Soma, ne fait pas dans la langue de bois. Tout serait lié à cette affaire de litige foncier entre les deux ethnies autochtones que sont les Karaboro et les Gouins. Ce litige oppose les villages de Labola et de Tatana. Estimant que la question de foncier ne relève pas de son ressort, les appels à la mobilisation coté Gouins n’ont pas eu son soutien.

Mais, le moins que l’on puisse dire, c’est que l’autorité municipale a été très inspirée en suspendant cette intronisation. Car il fallait que les autorités administratives tirent leçon du bicéphalisme au niveau du canton de Banfora avec deux chefs de canton intronisés avec son cortège de morts. Il convenait donc d’éviter le même attentisme macabre qui a eu lieu il y a quelques années.

Les autorités administratives qui on depuis lors interdit toute activité dans le canton de Banfora, n’ont pas encore pu trancher ou réconcilier les deux frères intronisés, Fadouga II et Djéna II.

Sié Yacouba Ouattara.

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